Paysage nocturne

Pieter MOLYN LE VIEUX
vers 1655
Pierre noire et lavis d'encre grise, trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune en partie coupé sur le bord gauche sur papier vergé crème
14,6 x 19,3 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (Lot 3548, n°1686)

Voir sur navigart

Les paysages nocturnes sont rares dans l’art graphique hollandais. Les plus célèbres exemples sont sans doute ceux d’Aert van der Neer, dessinés au pinceau[1]. Considéré comme une copie par Beck, le nocturne de Grenoble nous paraît être, au vu de sa qualité, une autre version d’un dessin de Molyn, signé et daté de 1655 et conservé à la Pierpont Morgan Library à New York[2]. Ce dernier provient des prestigieuses collections Bernardus Hagelis (vente en 1762) et Fairfax Murray (vente vers 1910 au banquier Pierpont Morgan). Par comparaison avec la feuille de New York, les rehauts de blancs sont absents de l’oeuvre grenobloise, ce qui lui donne encore plus de finesse : les effets de clair-obscur sont uniquement obtenus par le papier laissé en réserve, par la pierre noire et le lavis. Molyn est habitué à dessiner différentes versions de ses inventions. Beck a consacré à ce sujet un intéressant article en 1997 mais ne mentionne pas les deux nocturnes.
La lune et le feu allumé par les bergers (dissimulés par les personnages) permettent à l’artiste de créer suffisamment de clarté pour distinguer les silhouettes des personnes, des animaux, les lignes de la végétation et de l’architecture. Une fois de plus, l’importance qu’il accorde aux contours se ressent. Si l’artiste n’atteint jamais les effets picturaux et le modelé propres à Van Goyen ou à Salomon van Ruysdael, ses deux rivaux haarlémois, le rendu de l’atmosphère nocturne est ici pleinement réussi. On songe à la fameuse Fuite en Égypte nocturne d’Adam Elsheimer de 1609, conservée à la Pinacothèque de Munich et admirée par les artistes néerlandais. Molyn a remplacé ici le sujet religieux par une scène de genre. Outre ce dessin et son autre version identique, on connaît de Molyn une peinture sur ce sujet, conservée au Musée royal des beaux-arts de Bruxelles, datée de 1625[3].


[1] Voir par exemple Vienne, Albertina, Inv. no 9095.
[2] Pierpont Morgan Library, Inv. no III, 167g, voir Turner, 2006, I, no 162, repr.
[3] Musée royal des beaux-arts, Inv. no 2584.

Découvrez également...