Cheval et cavalier

Pieter VAN ENGELEN
fin XVIIe siècle
Graphite sur parchemin
17 x 14,8 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3548, n°1919).

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Le dessin de Grenoble est la seule oeuvre graphique sûre connue de Petrus van Engelen, l’un des nombreux artistes flamands en activité à la fin du XVIIe siècle. Le dessin anversois de cette période demeure un domaine peu connu et l’opinion commune, selon laquelle le génie artistique anversois s’est éteint à la mort de Jordaens (1678) et de Teniers (1690), est aujourd’hui encore très répandue. Les choses sont comme toujours plus nuancées. Conscients de leur déclin, l’Académie d’Anvers et les ateliers de peintres s’efforcent, dès la fin du XVIIe siècle, de renouer avec leur glorieux passé et de former des élèves de qualité.
Engelen s’inspire ici de l’art de David Teniers, célèbre pour ses multiples croquis au graphite pris sur le vif (MG D 245). Se servant du graphite, il dessine le cavalier se chaussant et le cheval avec autant de précision que d’audace, donnant d’ailleurs plus d’importance à l’animal qu’à l’homme. Signée et sur parchemin, l’oeuvre semble plutôt être une étude calculée qu’un dessin préparatoire pour un tableau. Par son aspect non finito, c’est une véritable pièce de virtuosité pour des amateurs, recherchée par le marché de l’art de cette fin du XVIIe siècle. La vie d’Engelen est peu connue. L’artiste est l’élève et le neveu de Gaspard de Witte, peintre de paysage et marchand de tableaux. Avec la fortune d’Anna Francisca Bruynel, qu’il épouse en 1687, il poursuit la même carrière. Engelen est connu aujourd’hui pour ses scènes de marché. Le fait de décrire les réjouissances populaires, dans un style réaliste et minutieux, est inscrit dans le répertoire des peintres néerlandais depuis Pieter Brueghel l’Ancien. Ce type de sujet rencontre un grand succès chez les collectionneurs français, allemands et anglais tout au long du XVIIe siècle. Revivifié par les peintres néerlandais italianisants, ce genre de composition tend néanmoins à devenir de plus en plus décoratif. De nombreux contemporains d’Engelen s’y adonnent, par exemple Pieter Bout, et tentent de montrer leur pays sous un jour idyllique, paisible et populaire.
Les oeuvres d’Engelen restent pourtant rares aujourd’hui. De sa main, on connaît un tableau signé à Mayence[1], deux au Koninklijk Museum voor Schone Kunsten d’Anvers, un Marché aux poissons et une Kermesse au village, un à Charkov en Ukraine et un autre dans l’ancienne collection Armand Hessel[2]. Les nombreux cavaliers et chevaux vus de derrière, qui apparaissent dans les scènes de marché, montrent que le dessin de Grenoble s’inscrit parfaitement bien dans l’oeuvre de l’artiste.


[1] Voir Stukenbrok, 1997, p. 142-143, repr.
[2] Sa vente, Anvers, 29 mai 1933, n°165, repr.

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