Un écuyer tirant par la bride un cheval et deux hommes vêtus à l'orientale dans un paysage

Giandomenico TIEPOLO
XVIIIe siècle
Plume et encre brune, lavis d'encre brune sur un tracé à la pierre noire sur papier vergé crème filigrané
18,1 x 24,8 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3544, n°1321).

Voir sur navigart

Ce dessin du fils de Giambattista Tiepolo appartient à une série de feuilles, réalisées à partir des années 1770, ayant pour thème des cavaliers vêtus à l’orientale, montant ou tenant par la bride des chevaux dans des paysages. Trois feuilles, conservées au Metropolitan Museum, deux aux Offices et une autre au musée des Beaux-Arts de Besançon, peuvent être confrontées (entre autres œuvres) à celle de Grenoble. Elles sont de format voisin et le mode de présentation horizontal des scènes est le même. La figure de l’Oriental parcourt l’œuvre des Tiepolo aussi bien dans la peinture, la gravure que dans le dessin. Dans quelque sujet que ce soit (voir MG D 2695 ), qu’il soit profane, tiré de l’histoire antique ou de la fable ou sacré, un homme barbu enturbanné vient assister en tant que spectateur ou protagoniste au sujet représenté. Dans ce dessin, ce sont deux figures d’Orientaux qui observent un cheval tiré par un écuyer. Le cheval est placé au centre du dessin : il est le moteur de l’attention. Tiepolo a mis en œuvre, pour suggérer une idée de mouvement, un cadrage particulier : les jambes du (supposé) écuyer sont ainsi coupées. Cette coupure équivaut dans le domaine cinématographique à une sortie de champ : les figures quittent l’espace de focalisation. De plus, Tiepolo les a placées sur une pente.Cette disposition permet de renforcer l’idée de mouvement. On pourrait analyser quelques-uns des dessins appartenant à cette série à l’aune de ce paradoxe : comment représenter sur un subjectile inerte quelque chose qui relève de la successivité ? Le dessin de Besançon offre en ce sens un réservoir d’idées dispositionnelles de nature à suggérer un changement d’état : le cavalier et le page (ou l’écuyer) sont montrés de dos tandis que le cheval est disposé de trois quarts. À l’arrière-plan se déploie un paysage. Tous trois se dirigent vers le point de fuite. Au spectateur d’imaginer l’avancée du groupe.
Cette suite de dessins n’a aucun caractère préparatoire. Ce sont des œuvres en soi reconnues comme telles. Tiepolo père avait développé une conception comparable du dessin. (C’est toutefois un trait caractéristique de cette époque aussi bien à Venise qu’en France : ce médium commence à être reconnu comme objet d’exposition et de contemplation en tant que tel. On les montre dans des recueils ou on les met sous verre.) Tiepolo fils a ainsi, à partir d’une certaine date, inlassablement dessiné des sujets formant des séries dont certaines peuvent compter plusieurs centaines de pièces : 330 dessins pour la série que George Knox appelle le Nouveau Testament, 104 dessins portant sur la vie de Pulcinella que Tiepolo appelle lui-même Divertimento per li ragazzi.

Découvrez également...