Un écuyer tirant par la bride un cheval et deux hommes vêtus à l'orientale dans un paysage

Ce dessin du fils de Giambattista Tiepolo
appartient à une série de feuilles, réalisées à
partir des années 1770, ayant pour thème des
cavaliers vêtus à l’orientale, montant ou tenant
par la bride des chevaux dans des paysages.
Trois feuilles, conservées au Metropolitan
Museum, deux aux Offices et une autre au
musée des Beaux-Arts de Besançon, peuvent
être confrontées (entre autres œuvres) à celle
de Grenoble. Elles sont de format voisin et le
mode de présentation horizontal des scènes est
le même. La figure de l’Oriental parcourt
l’œuvre des Tiepolo aussi bien dans la peinture,
la gravure que dans le dessin. Dans quelque
sujet que ce soit (voir MG D 2695
), qu’il soit
profane, tiré de l’histoire antique ou de la fable
ou sacré, un homme barbu enturbanné vient
assister en tant que spectateur ou protagoniste
au sujet représenté. Dans ce dessin, ce sont deux
figures d’Orientaux qui observent un cheval tiré
par un écuyer. Le cheval est placé au centre du
dessin : il est le moteur de l’attention. Tiepolo
a mis en œuvre, pour suggérer une idée de
mouvement, un cadrage particulier : les jambes
du (supposé) écuyer sont ainsi coupées. Cette
coupure équivaut dans le domaine cinématographique
à une sortie de champ : les figures
quittent l’espace de focalisation. De plus,
Tiepolo les a placées sur une pente.Cette disposition
permet de renforcer l’idée de mouvement.
On pourrait analyser quelques-uns des
dessins appartenant à cette série à l’aune de ce
paradoxe : comment représenter sur un subjectile
inerte quelque chose qui relève de la successivité ? Le dessin de Besançon offre en ce sens
un réservoir d’idées dispositionnelles de nature
à suggérer un changement d’état : le cavalier et
le page (ou l’écuyer) sont montrés de dos tandis
que le cheval est disposé de trois quarts. À
l’arrière-plan se déploie un paysage. Tous trois
se dirigent vers le point de fuite. Au spectateur
d’imaginer l’avancée du groupe.
Cette suite de dessins n’a aucun caractère préparatoire.
Ce sont des œuvres en soi reconnues
comme telles. Tiepolo père avait développé une
conception comparable du dessin. (C’est toutefois
un trait caractéristique de cette époque aussi
bien à Venise qu’en France : ce médium
commence à être reconnu comme objet d’exposition
et de contemplation en tant que tel. On
les montre dans des recueils ou on les met sous
verre.) Tiepolo fils a ainsi, à partir d’une certaine
date, inlassablement dessiné des sujets formant
des séries dont certaines peuvent compter
plusieurs centaines de pièces : 330 dessins pour
la série que George Knox appelle le Nouveau
Testament, 104 dessins portant sur la vie de
Pulcinella que Tiepolo appelle lui-même Divertimento
per li ragazzi.
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