Le Martyre de saint Sébastien

Anonyme français, seconde moitié du 18ème siècle
2ème moitié XVIIIe siècle
Plume et encre brune, lavis d'encre brune, rehauts de gouache blanche sur papier vergé bleu insolé
44,3 x 35,4 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins devant exposés dans des cadres tournant autour d'un pivot, n°82).

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Cette feuille, aussi spectaculaire par sa taille que par son traitement, pose un difficile problème d’attribution. Entré dans les collections du musée sous une attribution au peintre d’histoire Gabriel-François Doyen (1726-1806), le dessin nous semble correspondre que partiellement à la manière de ce dernier.
Doyen, qui s’était imposé au Salon de 1763 par son Miracle des Ardents (Paris, église Saint-Roch) est un élève de Vanloo. Séjournant en Italie de 1750 à 1756, après l’obtention du Grand Prix, il s’affirme dans le domaine de la peinture d’histoire et développe des compositions mouvementées, animées par une touche brillante, qui dénotent à la fois une forte influence de l’école romaine et une grande admiration pour Rubens. Le lyrisme de ses compositions, ses coloris intenses, le naturalisme de certaines figures ainsi que sa capacité d’invention ont probablement suscité l’attribution du dessin de Grenoble.
La composition mouvementée et richement rehaussée de blanc, l’aspect pictural de l’ensemble, sont en effet des traits caractéristiques de l’auteur du Miracle des Ardents. Toutefois, certains visages anguleux de l’arrière plan aux yeux schématiques, la pose outrageusement « maniériste » de saint Sébastien et la massivité de son corps pesant sont des éléments que l’on ne retrouve pas dans l’art suave de Doyen. Une fois l’attribution à Doyen écartée, il n’est pas aisé de retrouver facilement un nom pour ce dessin. Nous avons prospecté parmi les peintres d’histoire, actifs dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, dont l’art annonce de façon plus ou moins marquée le renouveau du genre. Dans la génération née autour de 1740, l’œuvre ne correspond ni à la manière de Taraval ni à celle de Brenet[1]. C’est avec Lagrenée que nous avons noté le plus d’affinité, notamment dans les visages schématiques et massifs de l’arrière plan, mais ce dernier ne se montre en général pas si expressif dans ses compositions. La pose presque « maniériste » de saint Sébastien et la technique picturale du dessin trouvent également un écho dans l’œuvre de Jean Bardin. Ce dernier n’a toutefois pas une approche aussi monumentale des figures dans ses dessins.


[1] Brenet présente un Saint Sébastien au Salon de 1771 (perdu). Selon Sandoz, ce pourrait être le tableau qui est aujourd’hui à Notre-Dame de Versailles.

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