Tête d'homme

Paul GRÉGOIRE
XVIIIe siècle
Pierre noire, rehauts de craie blanche, trait d'encadrement à la plume et à l'encre noire sur papier vergé chamois
18,3 x 12,8 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3550, n°938).

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Artiste aujourd’hui totalement oublié, Paul Grégoire demeure l’une des figures attachantes de la période révolutionnaire et l’un des dessinateurs les plus prolixes de ce temps. Les livrets des Salons révolutionnaires et le feuillet annonçant sa vente après décès nous apportent quelques dates et informations sur cet artiste originaire d’Aix.
Fils d’un fabriquant d’étoffes, sourd-muet de naissance, peintre de paysage, Paul Grégoire expose au Salon des dessins et des tableaux de 1793 à 1819[1]. Il se fait également connaître en mettant au point une technique permettant de peindre sur velours. A partir de 1782, Paul collabore avec son frère Gaspard (également peintre), à la confection de velours tissés et peints que l’on appelle aujourd’hui « velours Grégoire ».
Le petit feuillet qui annonce, en octobre 1842, la vente après décès de Grégoire fait état de « 1500 dessins, études, têtes, paysages, vues prises d’après nature, dans le département du midi, à Aix, à Toulon et autres villes ; dessins de costumes des habitants de ces contrées ». Malheureusement, aucun détail n’est donné sur cet ensemble auquel se joignaient quatre mille estampes d’artistes divers et une collection de « deux mille vignettes anglaises détachées des annuaires et recueils »[2].
Les dessins de Grenoble sont tout à fait caractéristiques des petites vignettes de Grégoire que conserve également l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts[3] ou le musée de Marseille. Ces œuvres portent en général les initiales PG, suivies parfois de la date et du lieu d’exécution du croquis. A l’exemple des dessins de l’école des beaux-arts, ceux de Grenoble devaient à l’origine être montés dans un album.
Les trois dessins datés du musée nous plongent par leurs dates dans trois moments distincts de la vie du peintre et de l’histoire de France. La réunion de Personnages du XVIIIe siècle[4], datée de 1780, est une attachante vision de la bourgeoisie d’Aix à la veille de la Révolution. L’Etude d’après une sculpture antique représentant la déesse Athéna[5], nous transporte à Versailles en 1791. L’œuvre copiée est la Minerve assise restauré en Rome (Paris, musée du Louvre), statue du IIe siècle provenant de la collection du cardinal Mazarin et qui se trouvait en 1791 dans les jardins du Trianon à Versailles. La dernière feuille, celle présentée ici, se situe par sa date (1808) sous l’Empire. Notre tête d’homme est représentative des dessins plus achevés de Grégoire[6].
Signalons enfin quatre autres petits dessins actuellement classés sous le nom de Grégoire. Il s’agit de deux paysages[7] et de deux études de têtes[8] jadis montés sur la même feuille de carton bleu dans la collection Mesnard. Ils ne sont ni signés ni datés. Leur attribution à Grégoire a été étayée par Lionel Bergatto (1994), du moins en ce qui concerne les paysages, par une comparaison avec une scène de Battage de blé, signée et datée de 1781, et conservée au musée Granet .


[1] A titre d’exemple, voici la liste des œuvres présentées au Salon de 1793 : Vue du pont du Gard (n° 496). H. 0.85 ; L. 0.54 ; Vue du village de Vaucluse (n° 499). Dessin. H. 0.70 ; L. 0.29 ; Vue d’une bergerie (n° 574) ; Vue de la fontaine de Vaucluse (n° 577).
[2] Vente de dessins, estampes anciennes, lithographies, après le décès de M. Paul G d’Aix, peintre. Les lundi 17 et mardi 18 octobre 1842, six heures du soir. Hôtel des commissaires-priseurs, place de la Bourse, n° 2, salle n° 3.
[3] Voir Neuf études montées ensemble (EBA 1039).
[4] MG D 1080, H. 9 ; L. 10 cm.
[5] MG D 1078, H. 8,2 ; L. 5,1 cm.
[6] A titre d’exemple voir Jeune pêcheur au bord de la mer (Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts, EBA 1036) ou Portrait de Voltaire de profil (Chantilly, musée Condé, Inv. PD 482, voir Garnier-Pelle, 2005, n° 21, p. 50).
[7] MG D 1312 et MG D 1313.
[8] MG D 1314 et MG D 1315, H. 5,4 ; L. 4,6 cm pour chaque dessin .

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