Paysage avec saint Jérôme

Cornelis METSYS
XVIe siècle
29,2 x 42,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don Georges MARJOLIN en 1893
Localisation :
SA04 - Salle 04

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Fils du célèbre peintre anversois Quentin Metsys, Cornelis Metsys fait son apprentissage chez son père avant de devenir franc-maître à la guilde de Saint-Luc à Anvers en 1531. Metsys excelle dans les paysages à la manière de Joachim Patinir, l’inventeur, au début du siècle à Anvers, d’une nouvelle formule à la fois réaliste, imaginaire et symbolique. Ici, comme chez Patinir, l’essentiel de la composition est consacré au rendu de la nature, bien que l’on soit toujours en présence d’un sujet religieux. Il s’agit de saint Jérôme retiré dans le désert pour y faire pénitence. Le saint est reconnaissable au manteau et au chapeau de cardinal ainsi qu’à la Bible qu’il a traduite de l’hébreu en latin. Au second plan, sur la droite, Metsys a peint un des épisodes de sa vie, tiré de la Légende dorée : un lion, compagnon de Jérôme, poursuit les marchands qui ont volé l’âne du saint pour guider leur chameau. Issu d’une tradition de peintres flamands passés maîtres dans l’art du détail – que l’on songe à Van Eyck un siècle plus tôt –, Metsys parvient à représenter la fine corde qui relie les animaux, détail à observer à la loupe comme la multitude d’éléments miniatures qui composent le paysage : iris de la mare au premier plan, oiseaux dans le ciel, voiliers sur la mer, abbayes, clochers, animaux sauvages au pied de la montagne, berger et ses moutons ou personnages à pied ou à cheval. Le peintre dresse ainsi un inventaire le plus large possible des formes naturelles ou créées par l’homme en choisissant un point de vue élevé, presque céleste, qui permet une vision panoramique du monde. C’est dans ce même souci de rendu fidèle de la réalité qu’il utilise la perspective atmosphérique, où les bruns et les verts des premiers plans font place au bleu des lointains. Parallèlement, Metsys utilise un langage métaphorique (pèlerin sur les chemins, rocher du Christ, etc.) pour peindre le cheminement de l’âme. Voyage de l’infiniment petit à l’infiniment grand, le paysage est ici à la fois objet de délectation esthétique et support de la devotio moderna, mouvement spirituel né dans les Flandres au XVe siècle.

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