Neptune et Amphitrite

Abraham VAN DIEPENBEECK
XVIIe siècle
Sanguine, lavis d'encre brune et de sanguine sur papier vergé beige
14,9 x 17,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins devant être exposés sur des cadres tournant autour d'un pivot, n°271).

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Les collections de Grenoble conservent plusieurs dessins qui reviennent à Abraham van Diepenbeeck. Le catalogue de Steadman (1982) cite en particulier un grand Mariage mystique de sainte Catherine très fini, dont l’état de conservation ne permet malheureusement pas la présentation (MG 610 / MG D 627). Ce dessin est mis en rapport avec une peinture de même sujet, conservée à la Gemäldegalerie de Berlin[1] même s’il n’y a pas de rapport formel entre les deux oeuvres. Un second dessin est traité dans la manière rapide que le maître utilise pour ses gravures d’illustration (MG D 55). Cet artiste travaille beaucoup pour les éditeurs, notamment pour l’imprimerie Plantijn à Anvers. Il se distingue par la création de frontispices inventifs, destinés notamment à des livres scientifiques. Diepenbeeck réalise aussi beaucoup de dessins préparatoires pour des vitraux et des tapisseries.
La feuille étudiée ici représente Neptune et Amphitrite. Riche en couleurs, elle est peutêtre une esquisse pour une peinture. L’oeuvre est proche d’une Chute de Phaéton, conservée à Francfort et préparatoire à l’une des entreprises éditoriales les plus audacieuses du siècle, les célèbres Tableaux du temple des muses, réalisés en partie dans les années 1630 et publiés en 1655[2].
Diepenbeeck fait son apprentissage chez son père, peintre verrier installé à Bois-le-Duc. En 1622-1623, il entre dans la guilde d’Anvers comme spécialiste de ce genre et travaille à des décors religieux et profanes. En 1638, il abandonne cette spécialité pour intégrer la guilde des peintres – ses premiers tableaux n’ont pas été exécutés avant la fin des années 1620 – et en devient le doyen en 1641.
L’artiste fait au moins deux voyages en France, le premier au début des années 1630[3], durant lequel il dessine d’après les fresques de Primatice à Fontainebleau, probablement sur l’ordre de Rubens (voir MG D 1529). Les relations entre ce dernier et Diepenbeeck sont complexes : ils ont probablement collaboré à plusieurs reprises à partir de 1625 environ. Par ailleurs, le style pathétique et émotionnel du dernier Rubens marque notre artiste durablement. À partir de 1660, Diepenbeeck semble avoir délaissé progressivement la peinture pour se tourner exclusivement vers les arts graphiques.


[1] Berlin, Gemäldegalerie, Inv. n°818.
[2] Voir Mc Allister Johnson, 1968, p. 171-190.
[3] Voir Mandrella, 2012, p. 288.

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