Frise avec Mise au tombeau

Guillaume BOICHOT
XVIIIe siècle
Plume et encre de Chine, lavis brun et gris, aquarelle sur papier vergé beige collé en plein
6,2 x 39 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3550, n°944).

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Dessinateur, peintre et sculpteur, natif de Châlons-sur-Saône, Boichot effectue sa première formation dans cette ville . Il poursuit son apprentissage à Paris à l’Académie royale sous la protection de Simon Challe, avant de partir à ses propres frais à Rome, suite à son échec au concours du Grand prix en 1765. A Rome, comme tous ses contemporains, il copie les antiques dont l’empreinte sera très forte dans ses créations à venir. De retour en France, il partage son temps entre la Bourgogne et Paris et réalise des sculptures pour différents églises et châteaux. C’est durant la Révolution et l’Empire que l’artiste aura ses commandes les plus ambitieuses. Il participe, au nouveau décor sculpté de l’église Sainte-Geneviève, transformée en Panthéon, réalise les reliefs du socle de la colonne Vendôme et certains reliefs de l’arc du Carrousel.
L’œuvre de Boichot est particulièrement significative de l’évolution que connaît l’art français entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle. Marqué au départ par la sculpture baroque italienne, Boichot évolue au contact des antiques et des œuvres de la Renaissance, vers un style plus classique et linéaire. L’une des originalités de l’artiste vient de son admiration pour le XVIe siècle et en particulier pour Giambologna et Jean Goujon. Ce dernier est alors considéré comme l’un des grands maîtres de la sculpture classique française et ses reliefs de la Fontaine des Innocents sont spécialement admirés et étudiés. Les formes à la fois synthétiques et sinueuses de Goujon ont laissé une empreinte particulièrement visible aussi bien dans les dessins que dans les sculptures du Châlonnais.
Une petite feuille, retrouvée par Eric Pagliano sous le nom de Perino del Vaga, et dont le graphisme est parfaitement en accord avec le style de Boichot, illustre bien la dette du sculpteur envers Goujon[1]. Il s’agit d’une figure féminine, inventoriée sous le titre de Déesse, mais qui semble, d’après ses attributs (la lampe à huile et la grue), représenter une allégorie de la Vigilance. Elle est conçue comme un encadrement pour un œil de bœuf. La synthèse personnelle que réalise Boichot entre l’art de la Renaissance maniériste et la sculpture antique transparaît ici lorsque l’on compare ce dessin avec les figures similaires de Goujon, qui encadrent les œils-de-bœuf de la façade Henri II du Louvre. Par ses sources visuelles, Boichot est aujourd’hui qualifié de « néo-maniériste ». D’autres contemporains, comme Moitte (MG D 122), avec qui Boichot travaille au décor du Panthéon, puisent à leur façon dans les mêmes sources.
La Frise avec la mise au tombeau du Christ que nous exposons ici, illustre quant à elle l’adaptation d’un sujet classique aux nouvelles formules néoclassiques. Comme le fait David, dans la Frise dans le genre antique (MG 2615), Boichot aligne toutes ses figures sur un seul plan à la manière d’un relief romain. Un trait nerveux et haché dynamise la scène alors que le contenu religieux de l’image se trouve amoindri par le mode héroïque utilisé pour sa représentation.


[1] MG D 2036, plume, encre brune et lavis , H.10.9 ; L. 6, classé en école italienne sous le nom de Perino del Vaga. Rendu à Boichot par Eric Pagliano.

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