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Jacob JORDAENS
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix

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Le dessin de Jordaens est inédit et représente une belle découverte. Les deux femmes n’ont pas encore pu être identifiées sur une peinture ou une tapisserie de Jordaens mais leur authenticité est indiscutable. On retrouve d’ailleurs souvent dans l’oeuvre de Jordaens cette idée de varier deux figures sur une feuille. Parmi les nombreux dessins de même style, citons à Besançon Deux études d’hommes assis sur une chaise[1] (inv. n° D 47)) ou encore trois études d’un Mercure, conservées au Museum Plantin-Moretus à Anvers[2]. L’étude de Grenoble a été dessinée d’une façon énergique au pinceau, à l’encre brune et grise, rehaussée de blanc, sur un dessin sous-jacent à la pierre noire. Les traits sont d’une grande élégance et souplesse et, pour parvenir à ce résultat, l’artiste a peut-être fait poser un modèle. Tout particulièrement réussie est la femme de droite qui plonge un seau dans l’eau. Par des hachures parallèles à la pierre noire, Jordaens rend aux figures leur plasticité. Ce qui fait l’originalité du dessin, c’est la différence de posture entre les deux femmes qui tient à une légère modification du mouvement. Comme l’artiste porte toute son attention sur le rapport entre le nu et le drapé, le dessin aurait pu figurer dans la toute récente exposition de Bruxelles et Kassel, « Jordaens et l’antique ». De grandes dimensions, cette feuille peut être datée vers 1640 à cause de son verso, qui est préparatoire pour un tableau faisant partie d’une série dédiée aux douze signes du zodiaque. Réalisé entre 1640 et 1645, ce cycle décorait la maison de l’artiste à Anvers et se retrouve remonté aujourd’hui au plafond de la bibliothèque du Sénat, au palais du Luxembourg à Paris. Ce verso représente la nymphe Adrastea qui incarne, dans la composition de Jordaens, le personnage principal du signe du Capricorne. C’est aussi elle qui trait la chèvre Amalthée pour nourrir le petit Jupiter, sujet que l’artiste a traité à d’autres reprises dans des tableaux conservés au musée du Louvre et à Kassel (GK 103). Le beau nu féminin vu de dos de Grenoble, rapidement esquissé, a été repris d’une façon détaillée aux trois crayons dans une célèbre feuille de Jordaens, conservée à Édimbourg (National Gallery of Scotland, Inv. R.N. 1696).


[1] Voir D’Hulst, 1974, II, n°A 397.
[2] Prentenkabinet, Inv. 156 ; voir D’Hulst, 1974, I, n°A 100-A 102.

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