Etude de femme [pour la Baigneuse Zoubaloff]

Henri FANTIN-LATOUR
1884
Pierre noire sur papier vergé crème
24,4 x 16,2 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don Victoria Fantin-Latour née Victoria Dubourg en 1904

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Tout au long de sa carrière, Fantin-Latour a travaillé d’après le modèle féminin. Ainsi, ses féeries, ses sujets d’imagination sont-ils, autant que les portraits, le fruit d’un intense travail préparatoire qui concerne principalement la figure. Le fonds de Grenoble éclaire particulièrement bien cet aspect de l’œuvre et de la méthode de Fantin. Dans un esprit différent des académies exécutées pendant son apprentissage en atelier, ces études ne retiennent qu’un morceau du corps, une attitude. La pose est souvent arrêtée au préalable : le travail d’après nature est alors un approfondissement, un contrôle, avant de passer à la réalisation de l’œuvre définitive. Il faut ajouter que Fantin qui conservait ses feuilles, les consultait régulièrement et réintégrait un morceau ancien dans une composition nouvelle. Ainsi ces deux modèles, qui accomplissent le même geste de retenir une draperie sous leur poitrine. L’une, monumentale, tournée de trois quarts perdus vers la gauche (MG IS 69-18), prépare vraisemblablement une Baigneuse de la collection Zoubaloff[1]. La pose est rigoureusement analogue, même si l’abondance des baigneuses dans l’œuvre de Fantin à partir des années 1880 incite à la prudence. Le modèle MG IS 69-17 , debout, à mi-corps, également de trois quarts perdus vers la gauche, se distingue par l’autorité du tracé au crayon noir et la grâce de la ligne du cou. Cette ligne se retrouve avec la même délicatesse dans la figure de Marguerite de La Damnation de Faust que Fantin traite à l’huile (Salon de 1888) et en lithographie. Bien que le mouvement des bras soit inversé par apport à l’estampe (ce n’est pas le bras vers le spectateur qui retient la draperie dans la Damnation de Faust), ce dessin est peut-être en rapport avec l’illustration de Berlioz.


[1] Cliché de la documentation du Musée d’Orsay. Le palais des Beaux-Arts de Lille possède une feuille préparatoire tout à fait analogue mais seul le cadrage, plus large, diffère (Brejon, 2004, n°883).

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