Flanders field

Carl ANDRE
1978
90 x 30 x 30 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Le coin du miroir en 1987 par le Fonds national d'art contemporain.
Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.
Localisation :
SA47 - Salle 47

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En 1965, dans un article intitulé « ABC Art », publié dans Art in America, Barbara Rose décrit une nouvelle tendance qui émerge au début des années 60 en réaction à la subjectivité de l’expressionnisme abstrait et à la figuration du Pop art naissant. Employé tout au long de son article, le terme « minimum » va donner naissance à l’appellation « Minimal Art », qui regroupe les créations de Donald Judd, Sol LeWitt, Robert Morris, Dan Flavin ou encore Carl Andre. Rejetant l’illusionnisme de la peinture, ces artistes se tournent vers la sculpture abstraite et, adoptant le fameux « less is more » de Mies van der Rohe, réduisent le contenu de l’œuvre à la perception d’une forme dans un espace donné. Carl Andre, qui partage l’atelier de Frank Stella à New York en 1958-1959, écrit à propos des Black Paintings de ce dernier : « L’art exclut le superflu. » Il réalise alors des sculptures en bois inspirées de l’œuvre de Brancusi, qu’il a découverte lors d’un voyage en Europe en 1954. À partir de 1960, il abandonne la taille directe et utilise des poutres en bois brut débitées industriellement qu’il assemble en des combinaisons infinies, élaborant un principe de composition modulaire ouvert, écho en trois dimensions au all over de la peinture. C’est sur ce principe qu’il crée ses premières pièces au sol en 1966, révolutionnant la sculpture qui, de verticale, devient horizontale : « Je ne fais que poser la Colonne sans fin de Brancusi à même le sol au lieu de la dresser vers le ciel. »
L’œuvre Flanders Field, réalisée en 1978 à Eindhoven, aux Pays-Bas, réunit toutes les caractéristiques de la sculpture minimaliste : neutralité du matériau, volumes géométriques élémentaires posés au sol, composition sérielle d’éléments interchangeables. Notion partagée également par Judd ou Morris, le rapport à l’espace et à l’échelle humaine est au cœur des recherches de Carl Andre : « Mon problème a été et est toujours de faire un genre de sculpture dans laquelle on puisse entrer mais qui n’est pas architecturale, comme un jardin japonais ou tout autre jardin. » L’artiste conçoit en effet la sculpture comme un lieu à parcourir. Au-delà de la rationalité formelle du minimalisme, Flanders Field invite le visiteur à se déplacer pour appréhender physiquement l’œuvre : percevoir chaque poutre dans l’unicité de sa couleur, de ses fentes et de ses nœuds, découvrir un rythme spatial et des jeux de lumière, apprécier l’équilibre entre la verticalité des poutres dressées et l’horizontalité de l’œuvre.

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