L'appel de la forêt

Une promenade qui nous emmène à la découverte de la représentation de la forêt au fil de l’histoire de l’art.

Cheminant entre les arbres symboliques,imaginaires,enchanteurs et ceux, plus conceptuels, de l’art contemporain, ce parcours nous plonge dans des versions riches et variées du thème de la forêt.

  • Dieu réprimandant Adam et Eve

    Médium :
    Auteur : Domenico ZAMPIERI dit LE DOMINIQUIN
    Date : vers 1623 - 1625
    Dimension : 95 x 75 cm
    Crédit : VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIXDomaine public
    Acquisition : Dépôt du Musée du Louvre en 1892
    Localisation : SA03 - Salle 03

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    Cette œuvre peinte par Domenico Zampieri (dit Le Dominiquin) vers 1624 est un des chefs-d’œuvre qui ornait la galerie personnelle de Louis XIV à Versailles vers 1700 (voisinant avec la Joconde). Cette huile sur cuivre lui a été offerte par son célèbre jardinier Le Nôtre. Ce dernier a-t-il choisi ce thème justement parce qu’il évoque le jardin le plus fameux de l’histoire ? Au-delà de la représentation de la scène de réprimande, le peintre déploie une grande attention à la réalisation de ce décor paradisiaque mêlant forêt, rivière et paysage vallonné, entre naturalisme et idéalisation. Derrière le couple en faute, deux arbres aux essences bien distinctes sont repérables : un pommier et un figuier. Le texte biblique ne dit pas précisément quel était le fruit défendu. Au fil de l’histoire et des cultures cela a été le citron, la figue, la pomme et parfois d’autres fruits. Le Dominiquin nous laisse le choix de ce célèbre fruit...

  • Paysage pastoral

    Médium :
    Auteur : Claude GELLÉE dit LE LORRAIN
    Date : 1644
    Dimension : 98 x 137 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Achat à François de Bonne, 2e duc de Lesdiguières en 1719. Entré dans les collections en 1800.
    Localisation : SA08 - Salle 08

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    Ce tableau de Claude Gellée (dit Le Lorrain) est une vision idéalisée plus qu’un rendu topographique. Baigné d’une douce lumière de l’aurore, ce paysage est un panorama paisible de la campagne romaine depuis Tivoli, mêlant édifices modernes et vestiges antiques. Comme nombre d’artistes de son temps, Le Lorrain parcourt les environs de Rome, passage obligé de leur formation. Dans une douce atmosphère harmonieuse, des bergers semblent nous indiquer les points remarquables à observer par un subtil jeu de mouvements de mains tendues aux doigts pointés dans des directions opposées. Le grand pin parasol à la gracieuse silhouette de la partie gauche répond à la masse compacte de la colline couverte de végétation sur la droite. Cette dernière bien que plus éloignée est cependant variée dans ses essences (lierre, chênes, mousse verte des rochers…). Le pin quant à lui demeure le motif central de ce paysage, Le Lorrain en fait un personnage à part entière !

  • Cerf aux abois atteint par la meute, dit aussi Hallali de cerf

    Médium :
    Auteur : Alexandre-François DESPORTES
    Date : 1742
    Dimension : 289 x 315 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Dépôt de l'Etat en 1799
    Localisation : SA12 - Salle 12

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    Quel contraste entre cette scène de vénerie et son décor! Une telle violence animale se déployant dans un paysage si agréablement bucolique… Cette œuvre témoigne du goût très prononcé à la cour pour les scènes de chasse. François Desportes fut le grand peintre animalier de son temps, de sa première commande en 1700 jusqu’à sa mort, quelques mois après l’exécution de ce tableau. Le genre du paysage est encore mineur à cette période. Se développant peu à peu, il est ici conçu avant tout comme un décor. Le sujet du tableau étant avant tout l’animal au cœur d’une chasse à cour. Pourtant, spécialiste des animaux plus que de botanique, le peintre cherche à rendre la nature crédible en tentant de distinguer les différentes essences d’arbres au second plan ainsi que les végétaux du premier plan aux formes et aux couleurs variées. La saison, le lieu, les feuillages restent difficiles à identifier. Il s’agit d’une mise en scène soigneusement organisée, lumineuse, harmonieuse mais dans laquelle on peine à croire en ce lieu aux accents fortement idéalisés. Trop « construit » pour être vrai !

  • Paysage sous la neige

    Médium : Huile sur toile
    Auteur : Gustave COURBET (Jean-Désiré-Gustave COURBET, dit)
    Date : vers 1867
    Dimension : 73,5 x 100 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Attribution par l'Office des Biens et Intérêts Privés en 1951
    Musée du Louvre
    Dépôt au Musée de Grenoble en 1976

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    Avec ce paysage peint en 1867, Courbet nous fait entrer dans la forêt. Certes une forêt froide et hivernale, mais que l’on peut presque sentir! Comme le dit Cézanne à propos du peintre: «Son grand apport, c’est l’entrée lyrique de la nature, de l’odeur des feuilles mouillées, des parois moussues de la forêt ». Chef de file du mouvement réaliste dans les années 1840, Courbet n’a de cesse de proposer des œuvres empreintes de naturalisme. Lorsqu’il peint ce paysage de Franche-Comté (d’où il est originaire), il resserre le cadrage, nous plongeant ainsi directement au cœur des éléments, grande modernité ouvrant la voie à l’impressionnisme. Le XIXe siècle est le siècle de l’arbre ! Ce dernier est désormais « portraituré » par les peintres. Le prix de Rome intègre une section « Peinture de paysage » en 1817 comportant une épreuve durant laquelle les artistes doivent réaliser une essence d’arbre sans en avoir de modèle. Afin d’étudier, de nombreux peintres se retrouvent en forêt de Fontainebleau autour de Barbizon, un véritable « appel de la forêt » !

  • Coin de l'étang à Giverny

    Médium :
    Auteur : Claude MONET
    Date : 1917
    Dimension : 117 x 83 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Don de l'artiste en 1923

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    À l’instar de son prédécesseur Courbet, Monet bouleverse les codes du paysage, resserrant le cadrage et employant le format vertical. De même, en supprimant tout personnage ou référence anecdotiques, il offre l’expérience quasi sensorielle d’une immersion dans la nature. Ici, nous sommes presque dans une épaisse jungle tant la végétation est luxuriante. Il s’agit pourtant du jardin de Giverny, dans lequel Monet débuta sa célèbre série de Nymphéas au tout début du XXe siècle et ce jusqu’à sa mort en 1926. Fidèle à son œil, Monet a constaté très tôt dans sa carrière que les arbres, la forêt, la végétation pouvaient prendre de multiples tonalités, en fonction du temps, des heures ou de la saison. Partant de ce constat le thème de son jardin devient intarissable. D’emblée il exclut le noir de sa palette et invente les ombres colorées. Dans la nature, aucune ombre n’est noire, les ombres prennent la teinte de leur environnement coloré. Se développe dès lors une gamme nouvelle faite de tons froids (bleus, indigo, verts) nécessaires à la réalisation de tout paysage impressionniste.

  • Le Cap Layet

    Médium :
    Auteur : Henri-Edmond CROSS (Henri-Edmond DELACROIX, dit)
    Date : 1904
    Dimension : 89 x 116 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Legs de Pierre Collart en 1995
    Localisation : SA26 - Salle 26

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    Henri-Edmond Cross tire les leçons de l’impressionnisme et exploite pleinement cette palette excluant le noir. La surface de ce tableau est entièrement recouverte de petites touches juxtaposées, soigneusement divisées en deux groupes : les tons chauds pour la lumière (celle du soleil du Midi) et les tons froids pour les ombres. La composition de ce sous-bois est une virtuosité de contrastes colorés. Les pins de droite aux formes sinueuses, torturés par le vent marin, sont réalisés dans un somptueux camaïeu de bleus et d’indigo, répandant leur ombre tout au long du sentier. Ce dernier nous conduit vers un troisième pin, exposé à la lumière du soleil venant frapper son tronc par la droite. Coupé en deux verticalement, sa face offerte au soleil est constituée de mille touches allant du jaune pâle à l’orange presque rouge pour les branchages alors que sa partie ombragée est réalisée dans la palette froide de tons bleutés.

  • Synthèse de la forêt

    Médium :
    Auteur : Félix DEL MARLE
    Date : 1943
    Dimension : 70,5 x 112,5 cm
    Acquisition : Donation de Mme Barthélémy en 1993
    Localisation : SA36 - Salle 36

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    Quelle étrange Synthèse de la forêt nous offre Félix Del Marle ! Le plus surprenant c’est que cet artiste a majoritairement peint des œuvres géométriques abstraites au fil de sa carrière, dans la continuité du néoplasticisme. Il a toutefois opéré une parenthèse figurative dans les années 1930. Le peintre nous fait entrer ici dans un curieux univers onirique et surréaliste. Cette forêt est telle une île au milieu d’un paysage lunaire. Le regard, tout en suivant les lignes féminines d’une souche hybride, s’égare dans des bribes de paysages plus mystérieux les uns que les autres. Une forêt lugubre, froide et enneigée sous le genou, des biches fuyant les flammes sous la poitrine, un sous-bois automnal propice à la flânerie sous la seconde jambe, une clairière aux couleurs tendres et ensoleillées sur le ventre, un intérieur mystérieusement gothique au creux du bras…que disent ces paysages ? Quelles sont les références du peintre ? Des contes pour enfants, des souvenirs, des rêves enfouis ? Leur surgissement entre les membres de cette « femme forêt » ne peut que nous renvoyer à notre propre imaginaire…

  • La Forêt

    Médium :
    Auteur : Max ERNST
    Date : 1927
    Dimension : 80,7 x 100 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix© Adagp, Paris
    Acquisition : Don de l'artiste en 1931
    Localisation : SA36 - Salle 36

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    Voici une forêt où il semble difficile de pénétrer ou de s’extraire, comme il est parfois impossible de se défaire des images d’un mauvais rêve. Max Ernst semble vouloir nous plonger dans une forêt cauchemardesque. Ses arbres aux formes surréalistes saturent l’espace de la composition et leurs sommets ne laissent qu’entrapercevoir un morceau de ciel bleu dans lequel flotte un astre énigmatique. On n’ose imaginer quels êtres monstrueux ou inquiétants peuplent les lieux. L’effet est rendu par la technique du frottage souvent employée par Max Ernst. Des couleurs disposées sur la toile ont été recouvertes d’une couche de noir. La surface frottée laisse apparaître les couleurs et fait surgir des empreintes de planches et de ficelles placées au préalable sous la toile. L’effet texturé du rendu accentue la frontalité de ce décor et en augmente le mystère…

  • Quatuor II for Betsy Jolas

    Médium : Huile sur toile
    Auteur : Joan MITCHELL
    Date : 1976
    Dimension : 279,4 x 680,7 cm
    Acquisition : Dation en 1995 au Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle.
    Dépôt au Musée de Grenoble en 1996.

    Localisation : SA38 - Salle 38

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    Dans cette évocation très expressive de la nature, l’Américaine Joan Mitchell convoque presque tous nos sens ! Dans une palette de tons froids, elle nous invite à une plongée au cœur de la matière. Les traces de brosse, l’épaisseur de la couche picturale mais aussi la fluidité des coulures semblent prendre vie à la surface de la toile. Héritière du mouvement expressionniste abstrait américain à la suite de Jackson Pollock, cette artiste a toutefois étudié les peintres des générations précédentes, parmi lesquels Claude Monet. Cette passion pour l’impressionnisme la conduit à s’installer à Vétheuil (Val d’Oise), petite ville où vécut Monet à ses débuts. Elle retient du maître la dimension sensorielle du contact avec la nature et la traduit dans une peinture gestuelle puissante ! Ici, bien que la composition soit abstraite, l’emploi d’une multitude de verts, de bleus et de mauves renvoie instinctivement le spectateur à une immersion dans la nature.

  • Flanders field

    Médium :
    Auteur : Carl ANDRE
    Date : 1978
    Dimension : 90 x 30 x 30 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix© Adagp, Paris
    Acquisition : Achat à la Galerie Le coin du miroir en 1987 par le Fonds national d'art contemporain.
    Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.

    Localisation : SA47 - Salle 47

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    Cette œuvre de Carl Andre est telle une forêt de poutres ! Près de deux tonnes de sections de cèdre rouge du Liban sont disposées au sol, dans une installation au titre énigmatique : « Flanders fields» ou « Champ des Flandres ». Cette mise en scène très minimaliste est typique du mouvement américain du même nom. Trouve-t-elle une explication symbolique dans les immenses champs/cimetières militaires du nord de l’Europe, qui s’étendent comme des forêts de sépultures, et dont la régularité est effrayante ? Dès la fin des années 50, Carl André réalise des sculptures en bois inspirées de l’œuvre de Brancusi, qu’il a découverte lors d’un voyage en Europe en 1954. À partir de 1960, il abandonne la taille directe et utilise des poutres en bois brut débitées industriellement qu’il assemble en des combinaisons infinies, élaborant un principe de composition modulaire ouvert. C’est sur ce principe qu’il crée ses premières pièces au sol en 1966, révolutionnant la sculpture qui, de verticale, devient horizontale. La sculpture est conçue comme un lieu à parcourir, ici comme une étrange forêt de poutres industrielles.

  • Forêt enneigée 1

    Médium :
    Auteur : Philippe COGNÉE
    Date : 2020
    Dimension : 200 x 250 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix© Adagp, Paris
    Acquisition : Achat à la Galerie Daniel Templon en 2020, avec la participation du FRAM.

    Détails

    Le vaste format (200 x 250 cm) de cette Forêt enneigée peinte par Philippe Cognée en 2020 fait entrer le spectateur dans les éléments à l’instar de son lointain ancêtre Paysage sous la neige peint par Courbet en 1867 et également présenté dans cette thématique. Travaillant sur des bases photographiques, le peintre utilise en revanche une technique originale de peinture à la cire qui plonge le spectateur dans une certaine confusion visuelle. La matière fascine par ses imperfections et ses multiples vibrations et tremblements tout en rendant complètement et étonnamment perceptible le sujet : une forêt enneigée qui s’étend à perte de vue. Au loin, au travers des branches lourdement chargées d’humidité, semble apparaître la lueur d’un horizon dégagé. La confusion règne, est-ce finalement de la neige ou de la peinture que l’on observe ?

  • Zuhaitz
    (Arbre)

    Médium :
    Auteur : Eduardo CHILLIDA
    Date : 1989
    Dimension : 292 x 180 cm
    Crédit : VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX© Zabalaga-Leku / Adagp, Paris
    Acquisition : Achat à l'artiste en 1989
    Localisation : PARC - Parc de sculptures

    Détails

    Cette sculpture imposante réalisée en acier Corten est plantée dans le parc tel un arbre dont la silhouette se résume à quelques volumes géométriques. Cette forme surprenante est une poutre d’acier de 85 centimètres de section, coupée en croix en son centre pour former 4 « branches », pliées à la force du feu. Zuhaitz (arbre en basque espagnol) fut commandée et réalisée spécialement pour le parc Albert Michallon en 1989, à l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration des droits de l’homme. Le caractère engagé de Chillida pour la paix et le rapprochement des peuples se lit dans la phrase gravée sur le « tronc » de cet arbre d’acier à 4 branches. « Né parmi les arbres, cet arbre de fer annonce que nous, les hommes, avons la même origine. Il exige la fraternité. ».Outre la symbolique des branches issues d’une même base, le rapport direct entre la sculpture et son environnement arboré est limpide.