Louis XIV, au lendemain de son sacre, reçoit le serment de son frère Monsieur, duc d'Anjou, comme chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit à Reims, le 8 juin 1654

Philippe de CHAMPAIGNE
1665
290 x 400 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Dépôt de l'Etat en 1811
Localisation :
SA08 - Salle 08

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Éminent portraitiste capable de saisir la vie intérieure de ses modèles, Philippe de Champaigne met ici son talent au service du portrait collectif, exercice difficile où l’impression d’ensemble ne doit le céder en rien à l’analyse psychologique des individus. Cette vaste composition illustrant la cérémonie de réception, par Louis XIV, de son frère le duc d’Anjou dans l’ordre du Saint-Esprit, n’est pas la première du genre que l’artiste ait peinte sur ce sujet, puisqu’il en avait déjà réalisé une autre très proche sous le règne précédent : Louis XIII recevant le duc de Longeville dans l’ordre du Saint-Esprit en 1633, conservée au musée de Toulouse. Le tableau de Grenoble commémore une cérémonie qui s’est déroulée en 1654, au lendemain du sacre du roi à Reims, alors que celui-ci est âgé de seize ans et son frère Philippe de quatorze. Pourtant, ni Louis XIV, debout au centre, le regard tourné vers la droite, ni son frère, agenouillé et prêtant serment sur le livre enluminé de l’ordre, n’arborent leur physionomie d’adolescents. Cela s’explique par le fait que l’œuvre de Grenoble, commandée par Noël de Bullion (présent à la droite du souverain), et l’original, fait à la demande du roi pour orner la cathédrale de Reims et disparu à la Révolution, ont tous deux été exécutés par le peintre à partir de portraits de l’époque où les traits des modèles sont actualisés. Malgré ces artifices, l’individualité de chaque personnage est rendue avec finesse et psychologie. Le cérémonial très précis de la réception dans cet ordre, fondé par Henri III en 1578 pour récompenser les membres de la haute noblesse, se nourrit du symbolisme du Saint-Esprit que l’artiste se plaît à distiller à travers la colombe ou la couleur de feu jaune-orangé des étoffes. Comme toujours, Philippe de Champaigne apporte un soin particulier aux détails des costumes, à la préciosité des étoffes et des accessoires, et à leur chatoiement dans les rayons de lumière. Offert par les descendants du commanditaire à la nation en 1793, le tableau a été envoyé ensuite à Grenoble en 1811.

Un autre regard

  • Fraise, corset et manches bouffantes

    Les collections du musée ne permettent pas de faire une histoire complète du costume. Mais, dans un monde d’images muettes, le vêtement fait partie de ces détails qui disent beaucoup.

  • France / XVIIe siècle

    Au moment où l'Europe entre en pleine période de Contre Réforme, les tableaux religieux deviennent des supports de dévotion, mais aussi de persuasion.

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