La Danse

Henri MATISSE
vers 1910
48 x 63,5 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs Agutte-Sembat en 1923

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Parmi les trente œuvres graphiques de Matisse que compte le musée, La Danse, réalisée vers 1910, est probablement la plus remarquable. Le motif de la danse revient à plusieurs reprises dans son œuvre, il apparaît dès 1906 dans Le Bonheur de vivre puis en 1909-1910, où il est traité pour lui-même dans La Danse, peinture monumentale commandée par le magnat du textile russe Sergueï Chtchoukin, pour sa résidence de Moscou. Le dessin au fusain de Grenoble est très proche des deux versions peintes exécutées en 1909 (The Museum of Modern Art, new York) et en 1910 (Musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg). D'abord considéré comme une étude pour la première version puis pour la seconde, ce dessin a sans doute été réalisé en définitive après les deux peintures. Il s'agirait donc d'une ultime appropriation par l'artiste du motif des deux toiles, qui à la faveur de la technique du dessin, s'autorise à l'interpréter différemment. Libérée de la couleur et de ses séductions, l'œuvre au fusain gagne en simplification et en autonomie. La distinction entre sol et ciel disparaît au profit d'une ligne courbe régulière qui unifie ces deux espaces et les rend complètement abstraits. Les corps ne se détachent plus d'un fond, ils se dissolvent en lui. Privés de modelé et de tous traits distinctifs, ils apparaissent telles des formes étranges, reliées les unes aux autres par le cercle visuel que dessinent les bras. Un trait de fusain ferme et appuyé, souvent répété, souligne le corps des danseuses, quand ce même trait, estompé, suggère leur mouvement. Cette façon singulière et nouvelle chez Matisse de jouer des capacités graphiques du fusain lui permet, à travers ce jeu de lignes fermes ou estompées, de retrouver les deux composantes majeures de sa peinture : la ligne et la couleur.

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