Objets célestes

Jean ARP (Hans ARP, dit)
1962
75,7 x 75,7 x 8,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Marguerite Arp-Hagenbach en 1970

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« Je suis né à Strasbourg / Je suis né dans un nuage. » Le poème Configuration strasbourgeoise illustre bien l’itinéraire poétique de Hans Arp. Né d’une mère alsacienne et d’un père allemand, l’artiste rejoint le mouvement dada en 1916 à Zurich au Cabaret Voltaire. Marqué par Kandinsky et les papiers collés cubistes, Arp réalise des compositions géométriques, reliefs et duo-collages avec sa compagne et future épouse Sophie Taeuber. Animés par la fougue iconoclaste dadaïste, tous deux fondent leur travail sur « les lois du hasard », privilégiant le travail collectif et les matériaux bruts. Cet esprit dada innervera la production de l’artiste jusque dans les années 60, Arp donnant corps à un art élémentaire, spontané et profondément ancré dans l’enfance. Abandonnant la manière rectiligne de ses débuts, l’artiste inaugure en 1917, avec la série de reliefs qu’il nomme « Formes terrestres », un style nouveau, organique et mouvant, qui pose les fondements esthétiques et philosophiques de son œuvre, et dont il parlera en ces termes en 1944 : « Nous ne voulons pas copier la nature […]. Nous voulons produire comme une plante qui produit un fruit. » (Jours effeuillés : poèmes, essais, souvenirs, 1920-1965). Pour Arp, l’abstraction, découverte au sein de dada et approfondie au contact des mouvements Cercle et Carré (1929-1930) et Abstraction-Création (1931-1936), est avant tout une vision concrète de la nature. C’est une quête d’absolu qui trouve ses origines dans la pensée orientale autant que chez Héraclite et les romantiques allemands. Dans le monde en gestation qu’il cherche à figurer, les ovales mouvants, synonymes de métamorphose, sont ses formes de prédilection, comme en témoigne Objets célestes, quatrième version d’un collage de 1958. Réalisé par un menuisier à l’aide de gabarits en papier, l’œuvre appartient à la série des « Formes célestes ». C’est un tableau construit au confluent de la sculpture et de la peinture. Des éléments ovoïdes blancs superposés et comme flottant dans l’espace sont agencés dans un équilibre subtil alliant biomorphisme et constructivisme. Seule la tranche peinte en jaune crée un halo qui dissout le relief dans la lumière. Dès son installation à Meudon en 1929, Arp fait le choix du blanc et de l’épure. Reproduisant les cycles de la nature, l’artiste poursuit dans les années 60 sa quête métaphysique des formes, réutilisant des motifs anciens dans un perpétuel mouvement de germination.

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