From a coral cauldron

Né en 1923 près de San Francisco, Sam Francis commence des études de médecine et de psychologie à dix-huit ans, puis s’engage deux ans plus tard dans l’armée de l’air pour devenir pilote de chasse. Victime d’un atterrissage forcé lors d’un vol, il est blessé à la colonne vertébrale et passe trois années à l’hôpital, période au cours de laquelle il se met à peindre des aquarelles. À l’issue de cinq années d’interruption dans ses études, il change radicalement d’orientation et entame un master d’arts à l’université de Berkeley. Il se rend à Paris en 1950, fréquente l’atelier de Fernand Léger, visite le Jeu de Paume et le Louvre et se passionne pour l’œuvre de Monet et de Bonnard. Au cours des sept années que va durer son séjour en France, sa peinture révèle un sens hédoniste de la couleur qui n’est pas sans rappeler l’art de Matisse, tant admiré mais jamais rencontré. Lors d’un voyage autour du monde commencé au début des années 60, il se passionne pour le Japon et l’art oriental. À son retour, il partage son temps entre Paris, Berne, New York et Tokyo, où il s’établit en 1968. Peinte en 1969, From a Coral Cauldron appartient à une série de toiles dans lesquelles le blanc occupe une place inégalée jusque-là. Structurées par des caches de forme géométrique que l’artiste a utilisés comme des pochoirs, les surfaces blanches repoussent la couleur sur les bords de la toile. Les taches colorées occupent la place du cadre, interrogeant les limites du tableau, tandis que, loin de jouer le rôle passif du fond, l’étendue blanche apparaît comme le sujet même de la peinture. L’emploi du médium acrylique plus ou moins dilué permet au peintre d’obtenir des coulures et des éclaboussures et de rendre possibles des jeux de transparence qui rappellent ses débuts à l’aquarelle. Le titre évoque un « chaudron de corail », sorte de creuset où auraient pu naître ces couleurs dont les contrastes et le dynamisme confèrent à l’œuvre toute sa luminosité.