Tortues

Gilles AILLAUD
1975
129,5 x 162 x 2,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Karl Flinker en 1978
Localisation :
SA49 - Salle 49

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Après des études de philosophie, Gilles Aillaud revient à la peinture qu’il a pratiquée assidûment dès son plus jeune âge. Pendant les années 50, il travaille en autodidacte et produit, à l’aide de matériaux hétérogènes, des paysages marins et des tableaux d’oiseaux. Plâtre, coton et grillage sont utilisés pour représenter un rapace, film plastique et sable collé pour évoquer la mer et le rivage. En 1961, il rencontre Eduardo Arroyo avec qui il partage les mêmes conceptions artistiques et politiques et qui l’encourage à participer au Salon de la jeune peinture. Aillaud deviendra l’un des principaux représentants de la Figuration narrative, art militant qui pose la question du « pouvoir de l’art dans le devenir du monde ». À partir de 1966, Aillaud ne peint plus que des animaux – ours, hippopotames, lions, rhinocéros, éléphants… – enfermés dans des cages ou des verrières, figés derrière des grilles ou exhibés dans des fosses. Les zoos contiennent un fabuleux répertoire de formes et de couleurs, d’espèces et de textures, de pelages et de plumages, que l’artiste restitue dans une ambiance paradoxale : l’aspect artificiel des lieux suggère avec froideur que la nature sauvage des animaux qui vivent là n’est plus qu’un spectacle. Ils jouent leurs mornes existences comme des acteurs fatigués sous l’œil de spectateurs curieux.
Tortues, peint en 1975, présente six tortues évoluant contre un grillage au fond d’un enclos tandis qu’au premier plan une septième, solitaire, semble se hâter vers ses congénères, tournant le dos au spectateur. Les couleurs chaudes du sol et des carapaces tranchent avec les tonalités froides du carrelage et du métal. Le cadrage resserré et l’étrange perspective maintiennent une distance émotionnelle accentuée par le choix d’une touche lisse et mate. Exposés dans le décor factice de leurs espaces clos, les animaux sauvages de Gilles Aillaud sont à décrypter comme une interrogation de notre humanité, comme une métaphore de l’aliénation dans notre société moderne.

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