La Continence de Bayard
Mis à la mode par la littérature, le goût pour des sujets puisés dans l’histoire de France s’inscrit dans une politique artistique précise menée par le surintendant des Bâtiments de Louis XV, le Comte d’Angiviller. Le peintre Durameau, élève de Jean-Baptiste Pierre, reçoit la commande de ce tableau qui relate une scène de la vie de Bayard. Le thème traité est celui de la noblesse du héros compatissant venant en aide à une famille démunie. Par ce geste d’une élégance chevaleresque, il révèle son élévation morale et ses qualités de cœur. Ainsi sont exaltées les vertus d’un homme appelé à jouer un rôle important dans l’histoire du pays. Le tableau est partagé en deux parties égales superposées. Les personnages disposés en frise dans un espace restreint en profondeur animent le registre inférieur. L’action se noue autour du geste du chevalier offrant sa bourse à la mère de l’héroïne. L’artiste est plus à l’aise dans la description minutieuse des costumes et le rendu des matières que dans le traitement des figures et l’expression des sentiments. Le rouge, le bleu, le vert, l’or et l’argent sont utilisés avec largesse. Ces teintes vives s’opposent à celles, assourdies, de la partie supérieure de l’œuvre. Animé d’un souci de vérité historique, le peintre prend soin de replacer cet épisode dans le cadre de son époque. Il recrée l’atmosphère et le décor d’un intérieur civil gothique et anticipe d’un demi siècle la vogue du style troubadour. Une esquisse de petite dimension destinée à soumettre le projet à l’approbation du commanditaire est, elle aussi, conservée dans les collections du musée de Grenoble. Proche du tableau définitif par la composition, elle en diffère par sa facture ample et nerveuse et témoigne du talent de dessinateur de Durameau.