Un rouge-queue à front blanc sur une branche

Christoph Ludwig AGRICOLA
vers 1700
Pinceau et encre noire, aquarelle, gouache, trait d'encadrement au graphite, traces d'un trait d'encadrement à la plume et à l'encre noire sur le bord supérieur sur parchemin (vélin) crème
18,2 x 12,3 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins devant être exposés sur des cadres tournant autour d'un pivot, n°208).

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On connaît peu de détails sur la vie de cet artiste qui a beaucoup voyagé en Allemagne (surtout à Augsbourg), mais aussi en France, en Hollande, en Angleterre et en Italie, notamment à Naples. Les musées allemands, mais aussi italiens[1], possèdent de nombreuses oeuvres de sa main et Bernhard Vogel a gravé son portrait à la manière noire[2].
Carl Heinrich von Heineken est l’un des premiers à parler de cet artiste dans ses Nachrichten von Künstlern und Kunst-Sachen[3] et à le mentionner parmi les meilleurs paysagistes allemands actifs vers 1700. L’artiste travaille à la manière poétique des paysagistes classicisants de la fin du XVIIe siècle et montre une toute nouvelle sensibilité pour la lumière et la couleur. Il est maître dans la représentation des forces élémentaires de la nature. Il aime aussi représenter des Orientaux dans des paysages champêtres, ce qui lui donne une certaine originalité.
Agricola nous a laissé des aquarelles et gouaches sur parchemin montrant des oiseaux et des plantes. Le dessin de Grenoble, représentant un rouge-queue à front blanc sur une branche, revient à l’artiste et nous remercions Charles Dumas de nous avoir suggéré cette attribution. Cette oeuvre s’intègre bien dans l’ensemble des feuilles allemandes de Mesnard car la ville d’Augsbourg y est tout particulièrement bien représentée. Nous ne savons pas dans quelles circonstances Agricola a dessiné ces oiseaux, sans doute destinés à la vente comme feuilles individuelles. En 1923, le collectionneur Frits Lugt a acheté un livre du XVIIIe siècle avec des dessins d’oiseaux (Vogelboeck). Une feuille y est annotée « Agricola » sur le verso.
Le paysage rapidement exécuté rappelle l’art du XVIIIe siècle alors que dans la manière fine et précise de dessiner les oiseaux dans les attitudes les plus variées, Agricola se rapproche des artistes hollandais du XVIIe siècle, maîtres de ces dessins situés entre art et science naturelle. Citons de sa main également un martin-pêcheur sur une branche[4] ou un oiseau mâle de la famille des mésanges[5], vendu à Paris, le 23 juin 2011 (n°46).


[1] Florence, Galerie des Offices ; Naples, musée de Capodimonte ; Bologne, Galerie nationale.
[2] Le Blanc, 1856-1889, IV, p. 148, n°18 (gravure à la manière noire). Vogel a également gravé dans la même technique le portrait de l’artiste vénitien Rosalba Carriera d’après Agricola.
[3] Von Heineken, 1786, I, p. 115-116.
[4] Amsterdam, vente Sotheby’s, 10 novembre 1998, n°140.
[5] Identifié par Élisabeth Foucart-Walter.

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