Berlioz mourant

Joseph Pierre RAMBAUD
1893
144 x 77 x 128 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don Mme Rambaud (veuve de l'artiste) en 1896
Localisation :
SA19 - Salle 19

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Pierre Rambaud sculpte son Berlioz mourant vingt-quatre ans après la mort du musicien, en dehors de tout contexte commémoratif, après avoir déjà réalisé plusieurs représentations du chevalier Bayard, une autre figure historique de son Isère natale.
Il figure Hector Berlioz (1803-1869) rendant son dernier souffle, assis dans un fauteuil, la chemise entrouverte laissant voir son corps décharné, la tête renversée en arrière, les yeux clos et la main gauche sur le coeur alors que la droite, qui a lâché la plume d’écriture, pend, déjà inerte. Les grandes dimensions de la sculpture accentuent son caractère poignant, presque dérangeant tant la représentation est réaliste et morbide. Le statuaire travaille le marbre avec finesse et virtuosité (drapés, touché des étoffes, texture de la peau, cils). Les portraits tout en retenue et en dignité du musicien diffusés alors par la photographie sont à l’opposé de cette mort théâtralisée qui n’a rien d’héroïque. Mais la lyre, symbole de la poésie, la couronne en tiges d’églantiers et l’inscription NON OMNIS MORIAR[Tout ne meurt pas] aux pieds du compositeur nous rappellent que la disparition du corps physique n’est rien au regard des oeuvres qui demeurent pour l’éternité et qui font entrer Berlioz au panthéon des créateurs. Lesquelles oeuvres, figurées par les partitions d’orchestre, sont rassemblées sous le fauteuil du musicien. On imagine sans peine que le génie visionnaire n’aurait pas beaucoup apprécié de laisser l’image d’un vieillard malade et souffrant qu’il était pourtant à la fin de sa vie.
À la même époque, d’autres statuaires ont produit des oeuvres inspirées de la tradition des scènes d’agonie : Vincenzo Vela (1820-1891) présente à l’Exposition universelle de Paris de 1867 un Napoléon mourant à Sainte-Hélène moins émouvant (musée d’Orsay), tandis que Rinaldo Carnielo (1853-1910) propose un très réaliste Mozart expirant exposé au Salon de 1882.
Pierre Rambaud s’éteint à l’âge de quarante et un ans, quelques mois avant la présentation de Berlioz mourant au Salon de Paris en 1894. L’oeuvre est appréciée par la critique : « Je ne connais pas beaucoup de statues qui soient d’un réalisme aussi sobre et aussi saisissant et l’État s’honorerait en achetant cette oeuvre pour l’un de nos musées », écrit Weyl dans L’Art et la Vie en juin 1894. Dans l’obligation de libérer l’atelier parisien de son époux décédé et face à l’impossibilité financière du musée de Grenoble d’acquérir cette sculpture, sa veuve en fit don à ce dernier en 1896.

Un autre regard

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