Scène d'intérieur - paysans au coin du feu

Edouard d' APVRIL
XIXe siècle
46 x 55,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don du Colonel Salles en 1897

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Première oeuvre d’Édouard d’Apvril à entrer dans les collections du musée de Grenoble, ce tableau est la parfaite illustration de la sensibilité de l’auteur et de son habilité à peindre des scènes de genre. C’est dans ce registre qu’il se distingue à ses débuts en saisissant la vie quotidienne des petites gens, les enfants y occupant toujours une place de choix. Il apparaît ainsi aux yeux de ses contemporains et plus tard des historiens de l’art comme un témoin de son temps, attentif aux plus humbles.
Dans un espace clos, sombre et peu détaillé, un enfant et un jeune homme sont représentés au travail, concentrés sur une branche qu’ils écorcent. Ils sont séparés par l’âtre où rougeoie un feu, véritable coeur de la maison. Celui-ci, peint en pleine pâte à l’aide de touches épaisses et de couleurs vives, occupe une position centrale, prenant la place de troisième personnage de la composition. Bien qu’il ne s’agisse pas de l’unique source lumineuse de ce tableau, la scène étant éclairée par l’ouverture probable d’une porte sur la droite, ce foyer, par sa lumière chaude, anime toute la scène, faisant vibrer l’atmosphère de cet intérieur. Ce traitement de la lumière n’est pas sans rappeler les jeux de clair-obscur que le peintre appréciait chez Rembrandt. D’Apvril s’inspire de la peinture hollandaise également par le choix de sujets du quotidien et complétera sa connaissance des maîtres nordiques lors d’un voyage en Hollande. Chez l’artiste, l’usage de touches rapides se retrouve essentiellement dans les scènes de genre. On n’en trouve pas trace dans les portraits. Cette façon de travailler lui sera parfois reprochée par les critiques de son temps qui trouvent un caractère « inachevé à son style[1] ».
Pourtant, sa manière témoigne ici d’une parfaite maîtrise. D’un seul coup de pinceau, Édouard d’Apvril réussit à rendre des détails précis. C’est notamment par un simple jeu de pression et une touche plus ou moins légère qu’il différencie les parties du bois comportant encore de l’écorce rugueuse de celles dénudées et lisses. Et c’est par cette même touche en un geste libre et spontané, qu’il parvient à suggérer plus qu’il ne dépeint les copeaux tombés aux pieds du jeune homme.


[1] E. d’Hurtières, « Revue artistique », Le Dauphiné, 16 juin 1878, p. 37.

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