Prophétesse d'Antinoé
Cet objet a été récolé par le Louvre (en tant qu'institution gestionnaire patrimoniale) le 29 juin 2007 comme faisant partie d'un envoi de l'Etat au musée-bibliothèque de Grenoble en 1907 (arrêté ministériel du 2 juillet 1907).
En 2012, dans la publication "Le Luth dans l'Egypte byzantine. La tombe de la prophétesse d'Antinoé au musée de Grenoble" de F. Calament il est mentionné (p. 9) que cet objet et tous ceux présents dans la tombe de la prophétesse d'Antinoé ont été donnés par E. Guimet (lettre du ministre Briand au conservateur de la bibliothèque Maignien du 9 juillet 1907).
Les vêtements de la prophétesse et les éléments textiles
La prophétesse emporta aussi dans la tombe quelques éléments vestimentaires. Parmi eux se trouve une paire de sandales en cuir à lanières décorées d’éléments métalliques. Ces chaussures d’un grand attrait décoratif présentent des traces d’usure, ce qui indique qu’elles ne furent pas uniquement déposées à titre votif dans la tombe. Ces sandales étaient déposées à ses côtés.
La défunte porte une sous-tunique en lin sans décorations visibles descendant jusqu’aux chevilles. Par-dessus, une seconde tunique en laine jaune est décorée de six carrés et de bandes brodées. Les carrés de tapisserie présentent une décoration sur trois registres alternant de petits carrés, avec un oiseau sur fond bleu, ou une corbeille sur fond naturel. Le carré central montre une représentation d’oiseau sur fond jaune le tout étant bordé de trèfle. Les bandes verticales présentent un décor de palmette dont la forme rappelle celle de la lyre et sont aussi bordées de trèfle. Les bandes au niveau de l’encolure et des extrémités des manches sont ornées de motifs végétaux sur fond bleu.
Autour de la taille de la défunte se trouve une ceinture tressée rouge et bleue, dont chaque extrémité se finissait par un petit pompon. Ce type de ceinture attesté dans d’autres tombes est ici le seul exemplaire conservé en place sur le corps.
La tête est couverte d’une résille en sprang, technique étrangère à l’Égypte, peut-être introduite par les Grecs. Sur cette résille est placé un bonnet orné d’une grande qualité esthétique. L’ensemble était maintenu sur la tête par une bande de lin. Sur la tête et le cou était aussi placé un tissu fin en lin décoré de feuilles stylisées.
Un bourrelet rembourré de fibres végétales était aussi présent dans la tombe. Ce type de coiffe commune dans l’Égypte byzantine devait être associé à un voile qui pourrait correspondre à deux éléments, l’un en lin, l’autre en laine.
La tête de la défunte repose sur un coussin replié en deux, dont la housse interne en lin contient des plumes, et dont la housse externe en laine bleue et blanche présente un décor en registre de lions tournés vers la droite.
Le corps était recouvert par un tissu en laine avec deux inscriptions en langue copte, la première donnant une valeur numérique (98 ¼), la seconde donnant un anthroponyme masculin, Paat. La signification de ces inscriptions est aujourd’hui incertaine.
Dans la main gauche, la momie tient une toile de lin ornée de motifs en laine. Une toile de lin est également placée sur la planche de fond du cercueil. Enfin, divers fragments de tissus proviennent d’une autre toile en lin.
Les vêtements portés par la prophétesse furent fabriqués peu avant sa mort et témoignent de l’importance de cette femme. Leur analyse a mis en évidence qu’une partie d’entre eux fut importée de l’étranger (la housse externe du coussin qui viendrait d’Iran ou la toile de lin dans sa main gauche). Une autre partie aurait été produite en Égypte dans des ateliers présentant des influences étrangères (la tunique supérieure, la ceinture, le bourrelet et le tissu de laine couvrant le corps). Enfin le reste serait égyptien. Ainsi, en plus de nous renseigner sur la position sociale de la défunte, ces textiles témoignent aussi des échanges entre l’Égypte et le monde qui l’entoure.
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