Grande bande

Joan MIRÓ
1953
Huile sur toile
57 x 500 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Dation en 2007 au Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle.
Dépôt au Musée de Grenoble en 2009.

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Miró embarque pour la première fois aux États- Unis en 1947. Depuis New York, il part à la découverte de Cincinnati et du Connecticut, où il rend visite à Max Ernst, Alexander Calder, Louise Bourgeois et Yves Tanguy. Sa découverte de l’art et du territoire américain marque un tournant dans son oeuvre. Elle le conduit notamment à créer la grande bannière de l’Exposition internationale du surréalisme (1947) et à privilégier des formats monumentaux (Mural pour le Terrace Plaza Hotel de Cincinnati, 1947). Déterminé, selon ses propres termes, à « dépasser la peinture de chevalet », l’artiste s’attèle, à partir des années 1950-1952, à des tableaux oblongs parfois de très grand format qu’il appelle des « bandes ». Miró dispose sur ces toiles des figures et des signes peints, dont l’origine se trouve dans les papiers découpés qu’il agence librement sur des bandes de soie préparatoires. Dans ces frises ou « rouleaux à lecture progressive », qui se situent à mi-chemin entre la peinture et l’écriture, l’artiste égrène ce que Jacques Dupin, son biographe, intitule les « Miróglyphes en liberté ». Un an après qu’il ait découvert l’œuvre de Jackson Pollock à la galerie Fachetti de New York, Miró réalise en 1953 deux grandes bandes de cinq mètres de long : la première, désormais à Grenoble, est d’abord entrée dans la collection d’Aimé Maeght, et son « pendant », qui a appartenu à Pierre Matisse, se trouve aujourd’hui dans une collection américaine. Sur un fond délavé de brun et de bleu qui s’apparente, comme souvent dans l’œuvre de Miró, depuis les « peintures de rêves », au cosmos, flottent des signes peints : un escargot, une étoile, des formes hybrides, des points et des taches. Une langue nouvelle semble advenir comme par enchantement de cette ligne d’idéogrammes. On sait la place que Miró accordait à l’écriture automatique depuis ses débuts surréalistes et l’influence qu’eut tout particulièrement sur son œuvre le célèbre poème de Mallarmé, Un coup de dé n’abolira jamais le hasard. Comme le souligne Marie- Laure Bernadac et l’atteste Grande Bande, « [l]’oeuvre entière [de Miró] est marquée du signe du dessin : points, traits, taches, écriture, graffitis, lignes, traces, griffures. » Ici le dessin et le signe disent un monde en devenir, où, conformément au vœu de Miró, « ce qui compte, ce n’est pas une œuvre, c’est la trajectoire de l’esprit ». Les trois grandes toiles Bleu I, II et III (Musée national d’art moderne / Centre Pompidou, Paris), peintes en 1961 dans son atelier de Palma de Majorque, franchiront un pas de plus en direction d’un art définitivement orienté vers l’ascèse, l’épure et la spiritualité.

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