Le paysage au XIXe siècle

Au XIXe siècle, la peinture de paysage prend une place considérable dans la production des peintres. Elle cherche à rompre avec l'académisme et ses règles de composition.

Les goûts et les commanditaires changent : la nouvelle classe bourgeoise s’oriente davantage vers le paysage pour la décoration de ses intérieurs que vers la peinture d’histoire, jugée trop  intellectuelle et trop coûteuse.

Si le romantisme, depuis la fin du XVIIIe, privilégie les émotions de l'artiste, les peintres réalistes, autour de l’école de Barbizon ou de Courbet, abandonnent le paysage idéalisé et s'attachent à étudier les phénomènes naturels. L’habitude d’étudier et de peindre en plein air, sur le motif, se répand. Ce phénomène est évidemment aidé par la modernisation  des moyens de transport (chemin de fer), du matériel du peintre (invention de la peinture en tube) et par l’apparition de la photographie. Dans le dernier quart du siècle, l’impressionnisme marque le début de la modernité picturale, le paysage devient une interprétation très libre de la réalité observée.

Très riche en  paysages du XIXe, la collection de Grenoble offre un bel aperçu de  la perception de la nature par les peintres de l’époque, à travers des paysages de l’école de Barbizon ou des visions fantasmées plus romantiques, jusqu’à l’impressionnisme. De Corot à Monet en passant par Doré et les peintres dauphinois, la multiplicité du genre est remarquable.

  • Paysage, soleil couchant

    Médium :
    Auteur : Jean-Baptiste Camille COROT dit Camille COROT
    Date : vers 1865 - 1870
    Dimension : 51 x 73 cm
    Crédit : VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIXDomaine public
    Acquisition : Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1914
    Localisation : SA16 - Salle 16

    Détails

    Confronté à la lumière du plein air dès 1822 en forêt de Fontainebleau, Corot devient l’un des fondateurs de l’École de Barbizon. À partir de 1850, ses compositions évoluent vers de petits paysages à l’atmosphère ouatée, peuplés de quelques personnages et animaux.

    Véritable poète de la nature, attaché au frémissement des feuillages qu’il traite dans une touche légère et scintillante, Corot capte les moindres effets de la lumière sur la surface de l’étang. L’ombre dense du bosquet d’arbres laisse à peine deviner la silhouette du vacher et de ses bêtes et seule la tache rouge de son bonnet – astuce récurrente chez Corot- vient rompre cette obscurité.

  • Mare et lisière de bois

    Médium : Huile sur bois
    Auteur : Théodore-Etienne-Pierre ROUSSEAU
    Date : 1860 - 1865
    Dimension : 61 x 81 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Legs de la Baronne Salomon de Rothschild aux musées nationaux en 1922.
    Dépôt du Musée du Louvre en 1976.

    Détails

    Rousseau travaille en plein air ainsi qu’au Louvre où il copie les maîtres anciens, en particulier Claude Lorrain. En 1847, il s’installe à Barbizon dans la forêt de Fontainebleau. Résolument tournés vers la nature et la réalité, les peintres de Barbizon libèrent le paysage des conventions académiques. Ce petit tableau présente une vue panoramique au coucher du soleil qui rappelle celle des maîtres du paysage hollandais du XVIIe. L’artiste travaille à l’aide de petites touches et d’une infinie variété de notations colorées. Le roux et l’orangé dominent, enflammant le site. Bien que l’artiste éprouve un sentiment romantique face à ce paysage, il l’immortalise de manière naturaliste.

  • Paysage sous la neige

    Médium : Huile sur toile
    Auteur : Gustave COURBET (Jean-Désiré-Gustave COURBET, dit)
    Date : vers 1867
    Dimension : 73,5 x 100 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Attribution par l'Office des Biens et Intérêts Privés en 1951
    Musée du Louvre
    Dépôt au Musée de Grenoble en 1976

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    À la fin des années 1840, Courbet devient le chef de file du mouvement réaliste.

    C’est un coin de sa Franche-Comté natale, paysage sauvage, désolé et vierge de toute présence humaine, qu’il a saisi dans ce tableau qui appartient à une série réalisée durant l’hiver 1866-67. Le ciel pose un voile de nuages sur le site, peint dans une harmonie de noirs, de bruns et de bleus. Au centre, un buisson apporte une tache de roux clair, seule note chaude dans cet univers glacé. Les couleurs, posées au couteau, donnent une impression de relief aux rochers et à la neige. Ce sont cependant les ombres bleues, plus que le scintillement du manteau neigeux, qui sont le sujet de ce tableau.

  • Lac en Ecosse. Après l'orage

    Médium :
    Auteur : Gustave DORÉ
    Date : 1875 - 1878
    Dimension : 90 x 130 cm
    Crédit : VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIXDomaine public
    Acquisition : Legs du Docteur Jean-Baptiste Fuzier en 1880
    Localisation : SA17 - Salle 17

    Détails

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    Gustave Doré, illustrateur de génie, s’est cependant toujours considéré comme un peintre. En 1873, il voyage en Écosse où les paysages vierges des Highlands le fascinent et l’inspirent.

    Doré exprime ici le sentiment d’une nature à la fois belle et hostile, mettant en scène la vision inquiétante d’un site minéral austère. Après l’orage , les brumes se dissipent et dévoilent un spectacle grandiose que la lumière changeante recrée sans cesse. Les formes monumentales des rochers, le mouvement tourbillonnant des nuages et l’aspect sombre du lac sont teintés de romantisme. Cette composition vide de toute présence humaine est seulement animée par deux oiseaux solitaires qui en accentuent la démesure et le sublime.

  • Vue de Grenoble prise de l'ancienne Porte Saint-Laurent

    Médium :
    Auteur : Jean-Alexis ACHARD
    Date : 1837
    Dimension : 60,5 x 92 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Legs de Mme Gounon-Darcieux en 1891
    Localisation : SA21 - Salle 21

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    Né à Voreppe, Achard est salué comme le maître du paysage par les peintres dauphinois de la génération suivante.

    Vue de Grenoble prise du quai de la Graille montre la ville peinte en aval, du côté de la plaine du Drac, avec à gauche la porte de France et la tour Rabot et à droite, le quai de la Graille et la porte Créqui. Au fond se dresse le massif de Belledonne.

    Dans Vue de Grenoble prise de l’ancienne porte Saint-Laurent, Achard peint les quais depuis la rive droite, en amont de l’Isère. À gauche sont visibles la tour de l'Île et plus loin le pont de bois ainsi que le clocher élancé de l’église Saint-André. Tout en respectant la topographie de la ville et des montagnes environnantes, Achard en offre une vision personnelle et poétique.

  • Le Lac de l'Eychauda

    Médium :
    Auteur : Laurent GUÉTAL dit Abbé GUÉTAL
    Date : 1886
    Dimension : 182 x 262 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Achat à l'artiste en 1886
    Localisation : SA21 - Salle 21

    Détails

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    Autodidacte, Guétal a appris à peindre au petit séminaire du Rondeau près de Grenoble où il exerçait son sacerdoce de prêtre enseignant. Lorsqu’il découvre une photographie du lac de l’Eychauda en 1880, il décide de se rendre sur le site dans le massif du Pelvoux, à 2 514 mètres d’altitude.

    À partir d’une pochade réalisée ce jour-là et d’une petite huile exécutée juste après, il peindra ce tableau pour le Salon plusieurs années plus tard, restituant avec brio en deux ou trois semaines ce souvenir et ce qui était essentiel à ses yeux, le caractère grandiose de la montagne et sa beauté naturelle.

    À l’aide d’un palette où dominent les bruns et les bleus, le peintre met en scène le minéral, l’eau et l’air de façon remarquable.

  • La Vallée du Vénéon à Saint-Christophe-en-Oisans

    Médium :
    Auteur : Charles BERTIER
    Date : 1894
    Dimension : 200 x 320 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Achat à l'artiste en 1894
    Localisation : SA21 - Salle 21

    Détails

    Élève au petit séminaire du Rondeau, Bertier apprend le dessin auprès de son professeur Laurent Guétal qui exercera une influence déterminante sur son art. Au début des années 1890, il se lance à la conquête du Massif de l’Oisans, sur les traces de son maître.

    Dans ce tableau, un sentier sinueux conduit à un torrent entre les pentes abruptes des massifs situés de part et d’autre. À l’arrière-plan, en partie cachée par la brume, la montagne vient fermer la composition. Immergé dans ce grand format, le spectateur découvre l’immensité sauvage des massifs alpins. À l’aide d’une palette où dominent les bruns et les beiges, le peintre restitue l’aspect minéral et les variations atmosphériques dans une mise en scène spectaculaire.

  • Le chemin du Petit Séminaire - environs de Grenoble

    Médium :
    Auteur : Ernest Victor HAREUX
    Date : 1892
    Dimension : 142 x 242 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Achat en 1892
    Achat à M. Baratier

    Localisation : SA21 - Salle 21

    Détails

    Formé à Paris, Hareux rencontre Laurent Guétal en 1885. À son invitation, il se rend à Grenoble où il s’installera en 1892 pour se consacrer au paysage de montagne.

    Ce tableau est un hommage à son ami, professeur au petit séminaire du Rondeau, décédé le 28 février 1892. Les deux hommes s’entretiennent sur le chemin, dominés par le Vercors où se dresse le profil du Moucherotte. L’éclairage des deux réverbères et des fenêtres du bâtiment principal indiquent le début du crépuscule. Hareux tire parti avec brio de ce moment où le soleil, disparaît derrière la montagne, engendrant un beau contre-jour. Le lieu, la saison et l’heure particulière expriment une profonde mélancolie qui se mêle chez l’artiste au souvenir de l’ami disparu.

  • Vue de Montmartre depuis la Cité des Fleurs aux Batignolles

    Médium :
    Auteur : Alfred SISLEY
    Date : 1869
    Dimension : 70 x 116 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Don de Joseph Rousselin en 1901
    Localisation : SA23 - Salle 23

    Détails

    Le vaste panorama de ce tableau s’ouvre sur la butte Montmartre, vue en contrebas depuis les Batignolles, un quartier encore peu urbanisé. L’originalité de la mise en page, le choix du cadrage comme la position étudiée de la ligne d’horizon sont révélateurs de l’art de Sisley.

    Soucieux de montrer le caractère quelque peu austère de ce quartier entre ville et campagne, le peintre rejette toute anecdote à l’exception du personnage vu de dos. Loin d’être un simple décor, le ciel occupe la moitié de la toile. Parcouru par une multitude de nuages il en devient l’élément le plus animé. Cette peinture précède de quelques années l’épanouissement de l’impressionnisme chez Sisley.

  • Le Port d'Anvers

    Médium : Huile sur toile
    Auteur : Eugène BOUDIN
    Date : 1876
    Dimension : 69 x 97 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Attribution par l'Office des Biens et Intérêts Privés en 1949
    Musée du Louvre
    Dépôt au Musée de Grenoble en 1951

    Localisation : SA23 - Salle 23

    Détails

    Boudin tourne définitivement le dos à l’académisme au profit de l’étude sur le motif. Le rendu atmosphérique et ses multiples variations deviennent son principal sujet.

    Il exécute Le Port d’Anvers dans son atelier à Paris, restant fidèle à la réalité du lieu. La ligne d’horizon traverse la toile de part en part, délimitant une étendue d’eau au premier plan ainsi qu’un vaste ciel. Aux mouvements créés par le trafic des nombreux bateaux qui naviguent font écho le clapotis des vagues et le passage des nuages dans un ciel menaçant. La palette de couleurs sourdes, dominée par le gris et le brun, est éclairée par le blanc de la trouée lumineuse à la surface de l’eau et le bleu de quelques échancrures dans le ciel.

  • Coin de l'étang à Giverny

    Médium :
    Auteur : Claude MONET
    Date : 1917
    Dimension : 117 x 83 cm
    Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
    Acquisition : Don de l'artiste en 1923

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    En 1883 Monet s’installe à Giverny, petit village du Val de Seine, et crée avec passion un jardin foisonnant de fleurs qui l’inspireront au fil des saisons, véritable atelier de plein air. Il y construit le fameux étang des Nymphéas et cultive avec un soin d’horticulteur son jardin d’eau. Monet passe de longues heures à l’étudier à divers moments de la journée, saisissant les variations infinies de la lumière sur l’eau.

    Ici, le ciel a disparu et le motif végétal, peint à l’aide d’une touche nerveuse et variée, envahit toute la toile. L’arrière-plan est occupé par un rideau de saules pleureurs qui ferme l’espace comme une tapisserie. La courbe du rivage enserre l’étang et ses nénuphars. Le jeu des reflets imbrique étroitement ces deux univers de végétation luxuriante.