Le Christ rencontrant la femme et les fils de Zébédée

Paolo CALIARI dit VERONESE
vers 1565
194 x 337 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Envoi de l'Etat en 1811
Localisation :
SA01 - Salle 01

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Introduit par son père dans le milieu artistique de Vérone, Véronèse se forme auprès du peintre Antonio Badile et de l’architecte Michele Sanmicheli. De cette formation première, l’artiste conserve un goût marqué pour les scénographies architecturales et narratives. Son talent s’épanouit pleinement dans les années 1550 à Venise où le goût de la couleur se conjugue dans ses décors peints à l’influence de Raphaël et de Michel-Ange. Suivant la voie ouverte par Titien et Tintoret, il devient l’un des principaux protagonistes de l’école vénitienne du Cinquecento. Pendant quinze ans, il peint pour Saint-Sébastien, l’église des Hiéronymites, d’immenses fresques, notamment sur l’histoire d’Esther, qui le rendent célèbre et affirment son chromatisme triomphant. Réalisée pour l’église Sainte-Marie-Majeure de Venise, Le Christ rencontrant la femme et les fils de Zébédée présente une composition narrative en frise, caractéristique de l’artiste. Véronèse a décliné plusieurs fois cette scène, notamment dans le tableau du maître-autel de San Giacomo de Murano. La veuve de Zébédée implore le Christ, accompagné ici de ses disciples indignés, que dans le Royaume des Cieux ses deux fils Jacques Le Majeur et Jean L’Évangéliste siègent l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. Occupant toute la hauteur de la toile, les protagonistes grandis par la ligne d’horizon abaissée font figure d’acteurs sur la scène étroite d’une architecture à colonnes. Prolongeant la tradition narrative des décors peints primitifs des confréries vénitiennes, Véronèse met en scène de manière théâtrale un épisode de la vie du Christ. Dans l’angle inférieur, la tête de chèvre pourrait être une allusion à la sentence du Jugement Dernier désignant les Élus et les Réprouvés : « Il séparera les hommes des uns les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs, et il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. » Propriété du Marquis de Hauterive, le tableau est vendu à Louis XIV en 1684. Le roi lui fait une place de choix à Versailles en le présentant de 1701 à 1703 dans le salon de l’Abondance du Grand Appartement.

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