La Visite à l'imprimerie
Léonard Defrance manifeste très tôt des dispositions pour le dessin. Pour se perfectionner il entre tout d’abord comme apprenti chez un orfèvre, puis chez le peintre Jean-Baptiste Coclers. En 1753, il part pour Rome. Il séjourne plusieurs années en Italie puis s’attarde en France avant de regagner Liège en 1764. Connu pour ses pamphlets anticléricaux et, plus tard, pour son adhésion aux idées révolutionnaires, Defrance fait figure d’artiste « engagé ». Ses scènes de genre inspirées des Hollandais, notamment ses visites à l’atelier, lui apportent la célébrité. Précieux témoignage sur les industries du XVIIIe siècle, ses tableaux s’attachent à décrire chaque lieu avec une rigueur quasi-scientifique, proche de l’esprit encyclopédiste. La Visite à l’imprimerie représente probablement la salle de l’imprimerie Clément Plomteux, la plus célèbre de Liège à la fin du XVIIIe siècle. On retrouve dans ce tableau la finesse des jeux d’ombre et de lumière et ce sentiment de vie et d’instantané qui rendent le style de Defrance si plaisant. Doué d’un sens aigu de l’observation, l’artiste décrit avec minutie l’intérieur de l’imprimerie, visitée par trois personnages élégamment vêtus. La scène se situe probablement dans la salle consacrée à la composition. Près de la fenêtre, un typographe montre aux visiteurs un composteur dans lequel sont placés les caractères qui serviront à la mise en place du texte. À gauche, un ouvrier frappe avec un maillet sur les lettres fixées dans un châssis pour les mettre à la même hauteur. Sur le mur de droite et sur le montant de la fenêtre, des affiches annoncent de nouvelles éditions. Si, dans le tableau, l’habit est encore ce qui distingue les différentes classes sociales, la disposition en frise des personnages les place au même niveau. C’est la rencontre entre l’élite éclairée de l’époque et les ouvriers que Defrance décrit, et la scène de genre devient alors allégorie des bouleversements sociaux et du progrès en marche.
Un autre regard
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Fraise, corset et manches bouffantes
Les collections du musée ne permettent pas de faire une histoire complète du costume. Mais, dans un monde d’images muettes, le vêtement fait partie de ces détails qui disent beaucoup.