Dieu réprimandant Adam et Eve
Ce tableau a appartenu aux collections d’André Le Nôtre, qui l’offrit à Louis XIV en 1693. Il doit son succès autant à la clarté de sa composition qu’à la finesse de sa facture, le peintre ayant choisi comme support une plaque de cuivre dont la surface lisse permet l’exactitude du dessin et la douceur des modelés. Formé comme l’Albane à l’Académie des Incamminati des Carrache à Bologne, le Dominiquin collabore avec Annibal Carrache à de nombreux chantiers à Rome parmi lesquels les décors de la galerie Farnèse et de la chapelle du palais Aldobrandini. L’étude des maîtres du passé comme Raphaël, l’observation de la nature et la rigueur de la composition comptent parmi les enseignements à la source de l’art du Dominiquin. Dans ce sujet tiré de la Bible illustrant l’intervention de Dieu après le péché originel, le peintre a disposé les personnages selon une diagonale qui va des anges au serpent, la narration s’appuyant sur un enchaînement en cascade d’attitudes, de regards, de jeux de mains et d’index pointés. Savant mélange d’idéalisation et de naturalisme, la représentation d’Ève, par la blancheur de sa carnation et les formes de son corps, évoque une statue antique à laquelle le peintre a donné un visage humain et expressif. Le Dominiquin s’est en outre attaché au rendu de la musculature d’Adam, réminiscence lointaine du modèle de Michel-Ange auquel il a aussi emprunté la figure de Dieu le Père entouré d’angelots peinte à la chapelle Sixtine. Par le choix des rouges et des orangés des drapés, par le mouvement qui anime les figures, le peintre parvient à créer une sensation de surgissement divin d’inspiration baroque qui s’oppose au statisme plus classique du reste de la scène : les animaux, symboles d’une coexistence paisible et harmonieuse, semblent figés dans ce paysage de paradis originel. L’alternance de bandes bleues et vertes contredisant la perspective atmosphérique accentue cet effet. Le paysage est exécuté avec minutie, tel le figuier dont on peut presque, grâce à la netteté des contours, compter chaque feuille. Cette attention à la nature et aux détails révèle l’intérêt du Dominiquin pour les paysagistes nordiques actifs à Rome comme Paul Bril ou Adam Elsheimer.
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