Le Déjeuner sur l'herbe

Alain JACQUET
1964
175 x 196,5 x 3 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à l'artiste en 1972 par le Fonds national d'art contemporain.
Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.
Localisation :
SA39 - Salle 39

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En 1962, Alain Jacquet commence à peindre une série de tableaux qu’il intitule Camouflages, dans lesquels il superpose à des chefs-d'œuvre de l’histoire de l’art des images issues du quotidien, tels une pompe à essence peinte sur une reproduction de La Naissance de Vénus de Botticelli ou un panneau de signalisation routière recouvrant une réplique en plâtre de la Leda de Michel-Ange. En 1964, il réalise un tableau inspiré du Déjeuner sur l’herbe d’Édouard Manet, à partir de la photographie en couleur d’une scène composée comme la célèbre toile. L’image est agrandie et la trame grossie en points de couleurs avant un report sérigraphique sur toile. Il s’agit de sa première œuvre réalisée mécaniquement, une technique que Pierre Restany qualifiera de « Mechanical Art » ou Mec’Art, dès 1965.
Comme dans l’œuvre de Manet, deux hommes et une femme sont assis sur l’herbe tandis qu’une quatrième personne apparaît dans le lointain, au centre de l’image. La trame de l’impression offre une lecture brouillée de la scène, interprétée ici par des complices de l’artiste, la marchande d’art Jeanine de Goldschmidt, le critique d’art Pierre Restany et le peintre italien Mario Schifano. Une référence humoristique à l’artiste figure au premier plan de ce portrait bucolique sous la forme d’un paquet de pain tranché de la marque Jacquet, comme une signature ou un « camouflage » du peintre lui-même. Le tableau a été tiré en 95 exemplaires sur toile et plus de 40 sur papier, tous différents en raison des décalages d’une trame en trichromie ou en quadrichromie. Jacquet souhaitait « faire un tableau comme une voiture produite à la chaîne », contestant ainsi la notion de chef-d'œuvre unique. Il a, par la suite, tiré de nombreux tableaux de formats différents à partir de détails de cette œuvre emblématique : portraits isolés et agrandis des personnages, éléments du paysage, eau, feuillages, ombre… Cet ensemble, qui constitue un vaste répertoire de recherches sur l’agrandissement des trames, offre des œuvres aux formes indéterminées dont l’origine figurative a laissé place à une abstraction aux limites de l’art optique.

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