Le Sentier de douane

Paul SIGNAC
1905
72 x 92,5 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs Agutte-Sembat en 1923
Localisation :
SA26 - Salle 26

Voir sur navigart

Si Georges Seurat peut être considéré comme l’inventeur du néo-impressionnisme, appelé aussi pointillisme ou divisionnisme, Paul Signac en est un des principaux protagonistes et son plus fervent défenseur après la disparition de Seurat en 1891. S’appuyant sur les théories scientifiques de Chevreul et Rood, le néo-impressionnisme prône la division de la touche et le contraste simultané des couleurs, apparaissant ainsi comme une tentative de systématisation des apports de l’impressionnisme. Signac, dans son ouvrage De Delacroix au néo-impressionnisme, inscrit d’ailleurs le mouvement dans une trame historique, celle de la libération chromatique initiée par Delacroix. Si l’influence de Signac est notable sur Matisse et ceux que l’on appellera plus tard les Fauves, en retour c’est à leur contact que l’artiste insuffle plus de sensibilité dans son approche de la couleur, assouplissant ainsi le dogme un peu rigide du néo-impressionnisme. C’est à Saint-Tropez, petit port de méditerranée où Signac séjourne à partir de 1892, entraînant à sa suite Cross puis Matisse, Marquet et Manguin, que s’élabore cette rencontre fructueuse. Le Sentier de douane, réalisé dans les environs de Saint-Tropez en 1905, illustre d’ailleurs admirablement ces échanges artistiques. Le sentier côtier qui chemine entre les pins, proche de la plage des Greniers, surplombant la mer et la pointe de Saint-Pierre, a déjà été traité par Van Rysselberghe en 1896, puis Matisse en 1904. Signac lui-même en a donné une autre version de format vertical en 1902. La variété des teintes et l’intensité de la lumière, en particulier au coucher du soleil, sont traitées ici dans une touche carrée et large où les bleus, les violets de la mer et des ombres s’opposent aux teintes chaudes des pins et de la terre baignée d’une lueur orangée. L’éclat de l’astre finissant colore de rose la ligne d’horizon et se diffuse comme un voile sur la vaste étendue du ciel, d’une pureté sans nuages. La subtilité des passages d’une teinte à l’autre, la vivacité des coloris, le scintillement de la touche, tout concourt à donner cette impression de chaleur et de lumière méditerranéenne. Réalisée en atelier, cette vaste composition a été précédée d’une aquarelle conservée à Grenoble, où se lit en particulier la construction rigoureuse de l’espace, partagé en deux selon une diagonale et rythmé verticalement par les silhouettes des pins.

Un autre regard

Découvrez également...