T 1949-22

Hans HARTUNG
1949
116,3 x 88,8 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de l'artiste en 1949
Localisation :
SA37 - Salle 37

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En 1947, Hans Hartung participe avec Wols, Jean-Paul Riopelle et Camille Bryen à une exposition organisée par Georges Mathieu intitulée Abstraction lyrique. Établi à partir de 1935 à Paris, date à laquelle il fuit l’Allemagne nazie, Hartung développe une peinture gestuelle qui, dans sa toute dernière période, annonce l’Action Painting. Enfant, curieux d’astronomie et de photographie, il avait très tôt montré un penchant pour le dessin, se passionnant pour des phénomènes naturels comme celui de l’orage : « Mes cahiers d’écolier se remplirent de pages et de pages d’éclairs. […] Ils m’ont donné le sens de la vitesse du trait, l’envie de saisir par le crayon ou le pinceau l’instantané. » À partir de 1924, Hartung étudie la philosophie et l’histoire de l’art à Leipzig puis l’art à l’académie de Dresde. Dès 1922, il a déjà réalisé une série d’aquarelles abstraites dans lesquelles il explore l’expressivité de la tache. Après la guerre, l’artiste enrichit l’écriture picturale dont il a jeté les bases dans ses dessins à l’encre, au fusain ou à la sanguine, constituée d’un vocabulaire de signes graphiques et de surfaces colorées qui se mêlent, se superposent, s’entrechoquent dans un jeu de contrastes et de rythmes.
L’œuvre du musée – donnée par le peintre l’année même de sa réalisation – est exemplaire de sa démarche qui combine liberté du geste et rigueur de la méthode : l’image est esquissée avec spontanéité sur le papier, puis agrandie et reportée sur la toile par une mise au carreau. Brossée généreusement, une surface de blanc-gris léger flotte sur un fond aux noirs et bruns profonds ; s’y ajoute une tache de jaune dont la vibration contribue à animer l’ensemble. Sur cet espace lumineux et dynamique, l’artiste inscrit énergiquement une calligraphie formée de droites, de courbes, de hachures ou d’arabesques, avec le « plaisir d’agir sur la toile. » Car pour Hartung, c’est l’acte de peindre lui-même qui est essentiel, un acte qui existe dans la durée. Il définira en ces termes cet élément primordial pour comprendre sa peinture : « C’est d’abord le temps, le temps d’exécution, le temps senti par le spectateur. Le temps d’exécution d’un trait, les ralentissements, les accélérations ; le temps lent, spécialement pour les grandes taches, le temps d’action. »

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