Une vallée dans le Briançonnais

[Cat. exp. Grenoble et ses artistes au XIXe siècle, musée de Grenoble, 2020]

Cette oeuvre compte parmi les meilleures de l’artiste. D’une façon très originale, Laurent Guétal accorde la même importance, voire davantage, à l’ombre qu’à la lumière. L’obscurité, qui s’étend de part et d’autre de la toile, est légèrement éclaircie au premier plan animé de roches. À la manière d’un géologue, l’artiste les décrit une à une, avec quantité de nuances colorées et de détails. La terre qui ravine le long des pentes est rendue tout aussi minutieusement. Cette précision naturaliste diminue au fur et à mesure que le regard se dirige vers la montagne ensoleillée. Le souci du réalisme laisse la place à une vision idéale de la montagne. Celle-ci apparaît dans une lumière d’autant plus éclatante qu’elle voisine avec des reliefs et une végétation vus en contre-jour. L’abbé Devaux, ami de Guétal, écrit à propos de ce tableau qu’il « donne au spectateur la vision d’un merveilleux horizon avec le pressentiment d’un au-delà plus merveilleux : tel est le thème, un des plus beaux, assurément, que puisse fournir la haute montagne, et qui appartient même au domaine du sublime. De tous les motifs que Guétal aima dans la montagne, je crois que c’est celui-là qui lui fut le plus cher^[1] ».

^[1] A. Deveaux, Un peintre artiste : l’abbé Guétal, [Lyon], L’Université catholique, t. XIII, mai 1893, p. 132.