Sainte Lucie

Jacopo TORRITI (attribué à)
XIIIe siècle
170 x 64 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Léon de Beylié en 1901
Localisation :
SA01 - Salle 01

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Actif de 1270 à 1300 à Rome, Jacopo Torriti se forme aux côtés de Cimabue avec lequel il collabore à de grandes fresques décoratives. Connaisseur des innovations formelles de Giotto, il conserve néanmoins tout au long de sa carrière un style archaïque et un goût marqué pour les conventions de l’art byzantin. Avec Pietro Cavallini, il se voit confier au cours du pontificat de Nicolas IV la restauration de plusieurs mosaïques à Saint-Jean-de-Latran (1291) et à Sainte-Marie-Majeure (1295), où il adopte un style antiquisant hérité de l’art paléochrétien. Le triptyque dédié à Sainte Lucie, qui se trouvait dans l’église Santa Lucia in Selci à Rome, est certainement l’une de ses productions ou celle d’un de ses élèves. Le musée de Grenoble possède l’élément central de ce polyptyque dont les éléments latéraux devaient figurer des scènes de la vie de la Sainte. Encore archaïque dans sa posture hiératique et frontale, sainte Lucie porte un costume impérial rouge et noir dont les ondoiements souples rompent avec la plastique habituellement statique de l’art byzantin. Entourée de petits anges thuriféraires, la sainte apparaît auréolée d’un large halo et l’ovale stylisé de son visage enfantin contraste avec la somptuosité de sa couronne à pendulae. Longtemps assimilé à un ex-voto normand du XIIIe siècle, le panneau est en réalité une œuvre votive commandée par Angilla uxor Odonis Cerronis [Angela, épouse d’Odon Cerroni, inscription en bas à gauche], donatrice figurée agenouillée en miniature. La puissante famille Cerroni habitait une tour près de l’église et l’on suppose que c’est en remerciement de la guérison d’une affection oculaire, qu’Angela Cerroni y installa l’œuvre. Vierge et martyre, sainte Lucie, comme le rapporte La Légende dorée, meurt à Syracuse lors des persécutions de Dioclétien en 304. Abondamment représentée dans la peinture italienne monumentale, elle est souvent, à partir du XIVe siècle, figurée portant ses yeux sur un plateau. L’artiste lui conserve ici un aspect archaïsant, écho des figures de saintes qu’il réalise à l’extérieur de Sainte-Marie-Majeure, toutes désignées par l’inscription de leurs noms en lettres capitales.

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