Tannhäuser, Venusberg, 2ème planche

41,4 x 51 cm (hors marge)
La deuxième scène du premier acte du Tannhaüser de Wagner a inspiré à Fantin deux planches qui chacune constituent des jalons essentiels de son œuvre. Après l’échec de la représentation de l’opéra à Paris en 1861, Fantin, fervent admirateur du compositeur si contesté en France, exécute en 1862 une lithographie, qui marque sa première incursion dans cette technique. Quatorze ans plus tard, Fantin reprend, en modifiant de légers détails, la composition de 1862 : l’épreuve de Grenoble est tirée de cette deuxième pierre. Il y expérimente pour la première fois le papier de report, qui permet de transférer directement sur la pierre un dessin exécuté au crayon gras. Satisfait du résultat, il présente l’œuvre au Salon de 1877. Dès lors, Fantin préférera ce procédé qui confère aux lithographies l’aspect d’un dessin plutôt qu’une gravure.
Avec une remarquable réussite pour une première tentative, Fantin-Latour orchestre savamment des effets de texture pour mettre en place sa composition. Le paysage, animé de fines hachures, estompé par endroits, (les arbres à l’arrière-plan), est celui du voluptueux royaume de Vénus. La déesse est allongée au premier plan, appuyée sur Tannhaüser qui veut renoncer à son existence de plaisirs et la quitter pour la pure Elisabeth : elle lève un regard implorant vers lui. Un groupe de trois nymphes forment un contrepoint au couple. La composition est imprégnée de réminiscences vénitiennes : on songe notamment au Concert champêtre, alors attribué à Giorgione et copié à de multiples reprises par Fantin[1].
Cette lithographie, après la lettre, est l’une des trois estampes du fonds qui ne provient pas du don consenti par Fantin au musée de Grenoble en 1899. Elle est entrée dans les collections grâce au legs de Léonce Mesnard en 1914. Grenoblois, Mesnard (1826-1890) est l’un des donateurs les plus importants des musées de Grenoble et de Chambéry : il publia des études littéraires, artistiques et musicales, en particulier sur Schumann, Brahms et Berlioz. La seconde estampe provenant de sa collection, elle aussi dédicacée par l’artiste, est également d’inspiration musicale : il s’agit d’une épreuve avant la lettre plus rare que la 2e planche du Venusberg, tirée de Rinaldo de Brahms[2].
[1] Voir MG 1474-19.
[2] Voir MG 1833. Hédiard dénombre sept ou huit épreuves d’essais, puis vingt-cinq estampes pour Rinaldo, alors que la 2e planche du Venusberg, après la lettre avec le nom de l’imprimeur, a été tirée à cent exemplaires.
Découvrez également...
-
Jupiter
s.d. -
-
Plat ovale à bord contourné
milieu de XVIIIe siècle