Intérieur aux aubergines
[Cartels de l’exposition Hommage à Andry-Farcy. Un conservateur d'avant-garde 1919-1949, musée de Grenoble, 26 juin - 24 novembre 2019]
L’entrée dans la collection de cette oeuvre a certainement été l’une des plus grande fierté d’Andry-Farcy durant ses trente ans à la tête de cette institution. En 1922, Matisse donne au Musée de Grenoble une des toiles les plus importantes qu’il possède, Intérieur aux aubergines, oeuvre qui avait appartenu à la célèbre collection de Michael et Sarah Stein. Il donne cette oeuvre au Musée de Grenoble car il sait qu’elle y sera exposée une fois acquise, et restera définitivement en France, à un moment où beaucoup de ses oeuvres majeures ont été vendues aux États-Unis et en Russie. Deux des quatre toiles qui constituent avec Intérieur aux aubergines l’ensemble des « intérieurs symphoniques » étaient déjà parties à Moscou dans la collection Chtchoukine avant guerre. Le cadre est le seul élément qui rappelle le contexte d’exposition d’origine de l’oeuvre au musée. Dans un télégramme envoyé de Nice, Matisse demande à ce que le cadre soit d’un « gris plus foncé que le mur comme si le cadre était encastré dans le mur ». Si l’oeuvre est qualifiée par La République de l’Isère de « papier peint pour salon de réception des fous » en 1925, en 1947, elle est considérée comme emblématique du succès d’Andry- Farcy, comme en témoigne ce titre d’article des Lettres françaises : « ‘Les Aubergines’ - la célèbre toile de Matisse, achetée en 1923 pour deux francs, vaut aujourd’hui cinq millions. »
"Henri Matisse au Musée de Grenoble"
Le Musée des beaux-arts de Grenoble a longtemps été le seul musée en France où l’on pouvait voir un ensemble aussi complet de la production de Matisse. Ce fonds exceptionnel se constitue très tôt grâce à la clairvoyance d’Andry-Farcy. On doit en effet à Matisse, dès sa rencontre en 1920 avec Andry-Farcy par l’intermédiaire de Jules Flandrin et Jacqueline Marval, le don de Allée d’arbres dans le bois de Clamart de 1917. En 1922, Intérieur aux aubergines, chef-d’œuvre de la série des « intérieurs symphoniques », est donné par l’artiste et sa famille.
Mais c’est avec le legs Agutte-Sembat en 1923 que cet ensemble prend toute son ampleur. La collection réunie par Marcel Sembat, auteur de la première monographie sur Matisse en 1920, et par son épouse Georgette Agutte, qui fut la condisciple du peintre dans l’atelier de Gustave Moreau, compte 5 tableaux et 6 œuvres graphiques.
Les peintures de Matisse présentes au musée permettent ainsi d’illustrer les différentes étapes de sa production entre 1904 et 1917, années d’intense créativité qui voient les débuts puis l’explosion du fauvisme, l’émergence des grandes compositions décoratives et l’élaboration des peintures marocaines. Les dons de dessins et de livres d’art par Matisse au sortir de la Seconde Guerre mondiale témoignent enfin du lien privilégié entretenu entre l’artiste et Andry-Farcy jusqu’à la fin de son mandat.
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