Les Fruits

SÉRAPHINE DE SENLIS (Séraphine LOUIS, dit)
vers 1928
92 x 73 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Wilhelm Uhde en 1938
Localisation :
SA34 - Salle 34

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[Cartels de l’exposition Hommage à Andry-Farcy. Un conservateur d'avant-garde 1919-1949, musée de Grenoble, 26 juin - 24 novembre 2019]

Issue d’une famille modeste, orpheline très jeune, Séraphine Louis gagne sa vie comme femme de ménage dans un couvent de Senlis durant vingt ans, puis chez des particuliers. Elle commence par décorer ses meubles et sa vaisselle de fleurs et de fruits avant de peindre ces motifs sur des toiles. En 1912, le critique d’art et collectionneur allemand Wilhelm Uhde découvre ses oeuvres ; surpris par son talent, il l’encourage à persévérer et, après la guerre, lui apporte son soutien matériel et financier. Durant les années 20 et 30, il s’emploie à faire connaître les peintres naïfs, Bauchant, Bombois, Vivin et Séraphine de Senlis, qu’il appelle les « maîtres primitifs ».
Unique sujet de ses oeuvres, le monde végétal, avec ses fruits, ses fleurs et ses feuilles-plumes, relève d’un imaginaire visionnaire. Le tableau intitulé Les Fruits montre une végétation exubérante qui envahit tout l’espace de la toile. Bien que traités en volumes, les fruits échappent à la loi de la pesanteur et, malgré leur ressemblance avec des citrons, des pommes ou des coings, ne peuvent être clairement identifiés. À partir de 1932, atteinte d’une maladie mentale, Séraphine cesse de peindre ; elle passe les dix dernières années de sa vie dans un établissement psychiatrique.


"L’exposition « Les Maîtres Populaires de la Réalité », 1937"

Pour Andry-Farcy, le Musée des beaux-arts de Grenoble, en raison de sa notoriété, se devait d’être présent à Paris pour l’Exposition Internationale de 1937. Son objectif était de trouver « une idée neuve et d’une actualité artistique évidente », faire de la publicité pour le musée, tout en ne le vidant pas de ses œuvres. Le choix se porte sur l’art naïf, dont l’exposition « Les Maîtres Populaires de la Réalité » constitue le premier événement d’ampleur sur le plan international. Organisée par Andry-Farcy en partenariat avec le critique d’art Maximilien Gauthier et le secrétaire général de la Ville de Grenoble Henri Debraye, elle réunit 210 peintures du Douanier Rousseau, Maurice Utrillo, Séraphine de Senlis, André Bauchant ou Camille Bombois, artistes souvent méconnus les uns des autres mais appartenant au même « climat ». L’exposition eut lieu dans un espace de la rue Royale, non loin de l’entrée de l’Exposition Internationale. En raison de son succès, elle voyagea ensuite à la Kunsthaus de Zurich, à la galerie Arthur Tooth & Sons LTD à Londres, et au Museum of Modern Art de New York.
L’exposition les « Maîtres Populaires de la Réalité » fut l’occasion pour le Musée des beaux-arts de Grenoble de s’enrichir de quatre peintures, qui furent suivies dans la décennie suivante par d’autres acquisitions, faisant du musée un pionnier dans la reconnaissance de l’art naïf, et l’une des plus riches collections muséales françaises dans le domaine.

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