La Cage

Alberto GIACOMETTI
1950
175 x 36,5 x 40 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat à la Galerie Maeght en 1952
Localisation :
SA36 - Salle 36

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« La sculpture n’est pas, pour moi, un bel objet mais un moyen pour tâcher de comprendre mieux ce que je vois », écrit Alberto Giacometti en 1959. Ce qui interroge le regard de l’artiste tout au long de son œuvre, c’est la figure humaine dans l’espace qui « entoure toute chose et est déjà la chose elle-même ». Installé à Paris à partir de 1922 pour suivre l’enseignement de Bourdelle, Giacometti constate que la fidélité au modèle ne peut traduire la réalité d’un être, réalité qu’il perçoit mieux dans la statuaire égyptienne, les sculptures africaine et océanienne ou dans la présence intense des visages peints par Giotto. Après un passage par le mouvement surréaliste (1931-1935), Giacometti revient à l’étude d’après nature mais, à sa grande stupeur, plus il essaye d’approcher la figure humaine, plus elle lui échappe : les têtes rétrécissent, les corps s’amincissent et s’étirent en hauteur. Sans la prise en compte du vide qui les façonne, la « ressemblance » inlassablement recherchée par l’artiste ne fait que se dérober à lui. Chef-d'œuvre entré dans les collections du musée dès 1952, La Cage met en scène de manière magistrale cette question de la relation de la figure à l’espace ainsi que les problématiques qui en découlent : la question du socle et de l’échelle de la représentation. Giacometti a déjà expérimenté le dispositif de la cage ouverte dans sa production d’objets surréalistes avec la Boule suspendue (1931) ou plus tard avec Le Nez (1947-1949). Rehaussée ici par un haut piédestal, lui-même intégré à l’ensemble, la cage évidée circonscrit l’espace de la sculpture tout en le reliant à l’infini. Malgré une taille minuscule par rapport aux proportions démesurées du socle, à la fois vitrine et scène, le buste masculin et le nu féminin debout s’imposent par leur monumentalité. Traités à des échelles différentes, ils s’inscrivent dans un espace et une temporalité propres à chacun. Proches et distants, ils sont figés dans des orientations perpendiculaires : leurs regards ne se croisent pas, seules leurs visions se rencontrent dans le vide au-delà d’eux. Un dialogue mystérieux s’établit ainsi entre le buste d’homme, personnification du regard, et la femme immobile, hiératique, érigée en divinité inaccessible. Pour Jean Genet, les statues de Giacometti ont un air « d’éternité qui passe. »

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