Bedroom painting n°31

Tom WESSELMANN
1973
200,5 x 262 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat à la Galerie des quatre mouvements en 1974
Localisation :
SA39 - Salle 39

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Après avoir suivi des études de psychologie à Cincinatti, Tom Wesselmann s’installe à New York en 1956 et s’inscrit à la Cooper Union School of Art and Architecture. Au musée d’art moderne (MoMA) qu’il fréquente, ce sont les œuvres des peintres expressionnistes abstraits Robert Motherwell et Willem de Kooning qui l’attirent particulièrement. Veillant à s’affranchir de ce mouvement dont il admire cependant la force, Wesselmann devient l’une des figures majeures du Pop art aux côtés de James Rosenquist, Andy Warhol et Roy Lichstentein. Il cherche comme eux à mettre l’art au diapason de l’American Way of Life. Incorporant des objets du quotidien et des images publicitaires, ses premiers collages et assemblages reflètent l’Amérique triomphante des années 60, mais par le sens de la couleur et de la composition dont ils témoignent, ils révèlent combien l’artiste a assimilé l’esthétique des grands maîtres européens de l’art moderne. En 1962, Wesselmann participe, à la galerie Sidney Janis, à l’exposition des New Realists qui consacre le Pop art. L’artiste s’impose dans le même temps sur la scène artistique de New York avec sa série des Great American Nudes, dont les arabesques et les aplats de couleur sont inspirés des nus de Matisse, et avec l’ensemble des Still Lives [Natures mortes], reliefs mêlant imagerie publicitaire et produits de consommation. Le caractère volontiers sexuel, les surfaces uniformément colorées et le fini délibérément lisse des Great American Nudes caractérisent aussi la série des Bedroom Paintings inaugurée en 1967.
Réalisée en 1973, Bedroom Painting No.31 est une peinture dont la composition et le format sont tout droit hérités de l’imagerie publicitaire. Occupant toute la surface de la toile, dans un subtil raccourci, un visage féminin renversé avoisine un bouquet de fleurs, un flacon orange et une boîte de mouchoirs. Le tout est stylisé et schématique. Les seins, qui pointent vers le haut au centre de l’image, érotisent la représentation. De même que certaines des peintures appartenant aux séries Smokers et Mouths, gigantesques bouches fumant, Bedroom Painting No.31 est un shaped canvas, une toile découpée dont la forme répond aux motifs choisis. Dans ce collage visuel où l’artiste a enfermé fragments de l’anatomie féminine et produits de consommation, le regard glisse d’un motif à l’autre sans pouvoir se fixer sur un détail. Wesselmann se fait l’analyste des mécanismes du désir dont s’inspirent les stratégies des publicitaires. Provocateur et volontiers iconoclaste, il s’attache aux genres picturaux les plus classiques – la nature morte et le nu féminin – mais leur ancrage dans la réalité de son époque a ici pouvoir de subversion.

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