Etude de vieillard

Anonyme français
2ème moitié XVIIIe siècle
56 x 43,2 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs du Général de Montella en 1877
Localisation :
SA11 - Salle 11

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Cette belle Étude de vieillard a été léguée au musée en 1877 comme une œuvre française du XVIIIe siècle, et il est probable qu’elle a été peinte au cours de la deuxième moitié du siècle. D’abord attribuée à Vien puis à Fragonard, elle est exposée à Paris en 1933 et 1935 sous le nom de Greuze, sans susciter beaucoup de réactions. Parmi des propositions plus récentes d’attribution à des artistes italiens, allemands ou britanniques, aucun des noms avancés n’est aujourd’hui recevable. Disposé sur un fond brun sombre, un vieillard barbu pose en buste, légèrement de trois-quarts, dans une attitude naturelle. Les petits yeux enfoncés, rougis et larmoyants, ainsi que la bouche édentée où s’esquisse un frêle sourire évoquent l’esprit des portraits de la série des Monomanes peinte par Théodore Géricault quelques décennies plus tard. L’acuité ne porte cependant pas ici sur une caractéristique exprimant un hypothétique « vice » mais bien sur la représentation réaliste et sans concession d’un homme âgé. La tonalité dominante et la qualité de la lumière convoquent à cet égard les autoportraits que Rembrandt a peints à la fin de sa vie. Le peintre a observé le modèle et, s’attardant sur un front pâle et dégarni, une peau ravagée ou une lèvre humide, il recense les dégâts de la vieillesse. Vêtu d’une veste brune portée sur une chemise au col ouvert, l’homme paraît de condition modeste. Il exprime néanmoins une sorte de noblesse, redevable tant à l’intelligence de son regard qu’à la sincérité presque naïve de son sourire. Loin de manifester un sentiment de tristesse ou de fatigue, ce personnage usé par le temps semble paradoxalement plein de vie. La matière peu épaisse, légère et hésitante, situe ce tableau à mi-chemin entre le portrait et la figure d’étude, ce que vient renforcer l’impression d’inachevé dans le vêtement et le léger flou autour de la silhouette.

Un autre regard

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