Etude d'homme penché en avant (un fleuve)

Simon VOUET
XVIIe siècle
Pierre noire, rehaut de craie blanche, trait d'encradrement à la plume et à l'encre brune, sur papier vergé chamois
23,2 x 14,6 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3560, n°422).

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Jadis attribuée à Eustache Le Sueur, cette étude d’un dieu fleuve a été rendue à Simon Vouet par Patricia Corbett (1983), identification confirmée par Barbara Brejon de Lavergnée (1987). Le dessin est en relation avec l’une des commandes privées les plus prestigieuses de Vouet à Paris : le décor de l’hôtel du chancelier Pierre Séguier. Durant sa très longue carrière - il meurt en 1672 à quatre-vingt-quatre ans – ce dernier n’aura cesse de porter une attention particulière envers les arts et les lettres dont il sera l’un des principaux mécènes à Paris. Peu après l’obtention, en 1633, de la charge de garde des Sceaux, il fait agrandir son hôtel parisien et fait naturellement appel, pour le décor intérieur, à Simon Vouet, alors au faîte de sa renommée. A partir de 1636, Vouet œuvre à ce décor qu’il réalise par tranches jusqu’à sa mort en 1649. Parallèlement à quelques œuvres isolées, le peintre conçoit trois grands ensembles en commençant par le décor de la chapelle, dont six grandes toiles sont actuellement conservées. Il poursuit par un cycle de scènes allégoriques pour la bibliothèque (six compositions connues par des gravures) et enfin laisse inachevé à sa mort le décor de la galerie où prenaient place douze grandes compositions mythologiques, symbolisant les grandes heures du règne de Louis XIII. C’est à ce dernier ensemble, détruit mais connu par des gravures, que se rapporte l’étude du dieu fleuve, figure annexe de la scène montrant Les Noces de Thétis et Pélée (Michel Dorigny d'après Simon Vouet, Les Noces de Thétis et Pélée, Paris, Bibliothèque nationale de France, Est. Da 7, fol. 56 verso).
La technique est parfaitement caractéristique des études de figures de Vouet, tracées à la pierre noire et modelées avec de rehauts de craie blanche. Le personnage en buste tourne sur lui-même et lève la tête vers la partie haute de composition. Ce type de figures est très fréquent dans le vocabulaire visuel utilisé par Vouet et témoigne à la fois de l’assimilation des modèles romains tels que Carrache ou Lanfranco mais aussi d’un goût pour les figures aux mouvements en spirale, issu de la tradition bellifontaine.
Parmi les dessins de Vouet conservés à Grenoble, une Étude de femme en buste [1] se rapporte également au décor Séguier. Il s’agit, avec une Étude pour la figure d’Apollon *récemment apparue [2] , d’un des rares dessins actuellement connus préparant *Le Parnasse, sujet principal du plafond de la bibliothèque du chancelier (voir Michel Dorigny d'après Simon Vouet, Le Parnasse, Bibliothèque nationale de France, Est. Da 7, fol. 113).


[1] MG D. 79. Pierre noire et rehauts de craie blanche. H. 20.7 ; L. 18.8. voir Brejon de Lavergnée, 1987, n° LXXVII, p. 122-123.
[2] Pierre noire rehauts de craie blanche. H. 35.0 ; L. 24.6. Coll. Part. voir catalogue Didier Aaron n° 10, 2008, notice n° 3.

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