Portrait de Marie Mary, mère de l'auteur

Jean-Théodore FANTIN-LATOUR
vers 1832
73,5 x 59,5 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don de Victoria Fantin-Latour née Victoria Dubourg en 1904

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Quand Théodore s’installe à Grenoble en 1831 après un séjour parisien de quatre ans, il se fait rapidement une réputation de portraitiste, dont témoignent les portraits qu’il présente au premier Salon grenoblois en 1832 et aux Salons suivants. Son entourage lui fournit également des modèles. C’est certainement au cours de l’hiver 1832-1833 qu’il peint ce portrait de sa mère alors âgée de 57 ans, une femme élégante, vêtue comme pour sortir, d’une redingote en velours vert foncé qu’elle a ornée d’un grand col de tulle brodé. Un boa de fourrure noué autour du cou, elle est coiffée d’une capote recouverte de soie et tenue par un large ruban dont le nœud est savamment ordonné sur le boa. A partir de 1827, les manches des robes et la hauteur des capotes évoluent suivant la mode et Françoise Vittu, conservateur du musée Galliera, date ces modèles des années 1832-1833.
La toile est peinte dans la lignée des portraits néoclassiques, pratiqués à l’époque par Ingres et ses élèves que Théodore n’a pas manqué de rencontrer quand il copiait les maîtres italiens dans les galeries du Louvre. Le dessin est précis, harmonieux et la peinture appliquée avec minutie pour obtenir un fini soigné. L’artiste fait preuve d’un joli talent de coloriste et de beaucoup d’observation dans le rendu des matières : le moelleux du vêtement, les reflets sur le blanc de la coiffe que réchauffent les tons plus chauds de la fourrure mais aussi du fond. Contrairement à beaucoup de ses portraits, aucune anecdote ici ne vient distraire l’attention du visage éclairé de face, observé, fouillé sans concession. Née en 1775 à la Grande Fosse près de Saint-Dié, Marie Mary épouse en premières noces le lieutenant Étienne Masset qui meurt au combat le 25 floréal de l’an 7. De son mariage avec Jean-François Fantin-Latour (Briançon 1759-Grenoble 1839) elle a quatre enfants : Henri Balthazar, né à Offendorf le 17 février 1800, Marie-Louise né à Metz le 20 octobre 1801, François Victor né à Luxembourg le 7 mars 1805 et Jean-Théodore. La famille se fixe à Grenoble en 1821. En Janvier 1846, Marie Mary, veuve depuis 1839, s’installe à l’asile de la Providence à Paris. Cette maison, fondée en 1804 destinée aux vieillards qui peuvent payer une pension et fournir un mobilier, est située au pied de la butte Montmartre, près de la barrière des Martyrs. Elle y meurt le 11 septembre 1853, à l’âge de 78 ans. Henri Fantin-Latour tenait beaucoup à ce que l’œuvre de son père soit représentée au musée de Grenoble et donna dès 1901 un portrait au pastel qu’il conservait avec des portraits de famille. Avec les œuvres léguées par madame Henri Fantin-Latour en 1904, Théodore est ainsi représenté par quatre toiles, dix-huit dessins et deux pastels.

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