Miró. Un brasier de signes

Le musée de Grenoble présente, en partenariat avec le Centre Pompidou, une exposition consacrée à Joan Miró, comprenant plus de 130 œuvres de la collection du Musée national d’art moderne. Au sein de ce prêt remarquable, figurent les trois « Bleu » qui voyageront exceptionnellement hors de Paris et resteront en dépôt au musée de Grenoble. L’exposition qui mettra l’accent sur l’iconoclasme, l’énergie créatrice et la modernité artistique du peintre permettra de jalonner la totalité de sa carrière tout en offrant un regard privilégié sur son œuvre ultime, des années 1960-70, une période d’exil intérieur et d’expérimentation intense. Cet événement est en avant-première du programme Centre Pompidou | Constellations construit en partenariat avec les plus grandes institutions culturelles à Paris, en France et à l’international et qui fera rayonner le Centre Pompidou durant ses travaux de rénovation.


Au même titre que celle de Picasso, l’œuvre de Joan Miró, par sa liberté créatrice et son iconoclasme latent, occupe au XXe siècle une place inédite qui lui confère la stature du mythe et l’élève au rang de l’universalité. Ancrée dans la terre catalane de son enfance, elle voit le jour dans les années 1910 avec les peintures dites « détaillistes » de Montroig, scènes réalistes et paysannes qui retiennent la leçon de l’art naïf et du cubisme naissant. Puis, au milieu des années 1920, ses « peintures de rêve » dont la magie poétique séduit les surréalistes tels que Robert Desnos et Michel Leiris lui apportent la reconnaissance artistique. Posant un regard tantôt émerveillé, tantôt plus sombre sur le monde qui l’entoure, le peintre donne progressivement corps à ce que son biographe, le poète Jacques Dupin, a élégamment qualifié de « Mirómonde ».


À partir de 1954, l’installation à Palma de Majorque marque un nouveau tournant dans son œuvre. Durant cette période de créativité intense, sa peinture se métamorphose, devient de plus en plus gestuelle, directe et n’est pas sans évoquer les « peintures sauvages » nées dans les années 1930, dans le contexte de la montée du nazisme. Portant sur un ensemble de près de 90 œuvres réalisées dans les années 1960-1970, la dernière période de création de l’artiste est particulièrement bien représentée dans les collections du Musée national d’art moderne/Centre Pompidou. Dans l’exposition, une attention particulière sera portée à ces ultimes années d’une extraordinaire fécondité où l’artiste, à plus de 70 ans, affirme avec une puissance inédite son désir de liberté, d’expérimentations et de conquêtes de nouveaux horizons, antidote absolu à ses yeux à toute forme d’académisme et d’oppression.