Portrait de François-Marie Raoult

Edouard d' APVRIL
1891
133 x 95 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Mme Raoult en 1919

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Fort d’un très beau métier de peintre, Édouard d’Apvril fut un portraitiste apprécié de la bonne société grenobloise du XIXe siècle. Il s’en fit une spécialité et constitua ainsi au fil des années une galerie de portraits des personnalités de son temps, précieux témoignage sociologique du Grenoble des débuts de la Troisième République. Son modèle est ici François-Marie Raoult (1830-1901), titulaire de la chaire de chimie à l’université de Grenoble de 1870 jusqu’à sa mort, en 1901. Membre reconnu du monde scientifique dans les domaines de la chimie et de la physique, il est à l’origine des Lois de Raoult concernant les propriétés colligatives des solutions chimiques. Lauréat de plusieurs prix internationaux, il fut élevé au grade de commandeur de la Légion d’honneur en 1900.
Sacrifiant aux règles du portrait officiel, Édouard d’Apvril représente son modèle dans l’habit et avec les décorations du célèbre universitaire qu’il est. Se détachant sur un fond sombre, vêtu de la robe et de la toge professorale, François-Marie Raoult s’impose par sa stature et l’apparat de sa tenue, dont l’artiste s’est plu à rendre avec virtuosité la préciosité des matières et des couleurs. Il joue notamment du fort contraste entre la soie amarante sur laquelle s’accroche la lumière donnant au drapé de la toge tout son faste, et l’étoffe noire beaucoup plus sobre du reste de l’habit. De même, il restitue avec délicatesse la douceur de la fourrure des trois rangs d’hermine de la chausse et la finesse des dentelles du jabot, véritable écrin pour la croix de la Légion d’honneur. Mais par-delà ces morceaux de bravoure, l’attention est toute entière retenue par le beau visage affable et volontaire du commanditaire que le peintre a traduit avec un réel sens psychologique, mettant en évidence l’intelligence et la profondeur du modèle. D’âge mûr, riche de toute son expérience, il fixe sur le spectateur un regard franc qu’illumine de l’intérieur, semble-t-il, le sentiment du devoir accompli sans que nulle trace d’orgueil ni même de satisfaction n’affleure.

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