Portrait de François-Marie Raoult

Fort d’un très beau métier de peintre,
Édouard d’Apvril fut un portraitiste apprécié
de la bonne société grenobloise du XIXe siècle.
Il s’en fit une spécialité et constitua ainsi au
fil des années une galerie de portraits des
personnalités de son temps, précieux témoignage
sociologique du Grenoble des débuts
de la Troisième République. Son modèle est
ici François-Marie Raoult (1830-1901), titulaire
de la chaire de chimie à l’université de
Grenoble de 1870 jusqu’à sa mort, en 1901.
Membre reconnu du monde scientifique dans
les domaines de la chimie et de la physique,
il est à l’origine des Lois de Raoult concernant
les propriétés colligatives des solutions
chimiques. Lauréat de plusieurs prix internationaux,
il fut élevé au grade de commandeur
de la Légion d’honneur en 1900.
Sacrifiant aux règles du portrait officiel,
Édouard d’Apvril représente son modèle dans
l’habit et avec les décorations du célèbre
universitaire qu’il est. Se détachant sur un
fond sombre, vêtu de la robe et de la toge
professorale, François-Marie Raoult s’impose
par sa stature et l’apparat de sa tenue, dont
l’artiste s’est plu à rendre avec virtuosité la
préciosité des matières et des couleurs. Il joue
notamment du fort contraste entre la soie
amarante sur laquelle s’accroche la lumière
donnant au drapé de la toge tout son faste, et l’étoffe noire beaucoup plus sobre du reste de
l’habit. De même, il restitue avec délicatesse
la douceur de la fourrure des trois rangs d’hermine
de la chausse et la finesse des dentelles
du jabot, véritable écrin pour la croix de la
Légion d’honneur. Mais par-delà ces morceaux
de bravoure, l’attention est toute entière
retenue par le beau visage affable et volontaire
du commanditaire que le peintre a traduit
avec un réel sens psychologique, mettant en
évidence l’intelligence et la profondeur du
modèle. D’âge mûr, riche de toute son expérience,
il fixe sur le spectateur un regard franc
qu’illumine de l’intérieur, semble-t-il, le sentiment
du devoir accompli sans que nulle trace
d’orgueil ni même de satisfaction n’affleure.
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