Le Christ mort sur la Croix

Philippe de CHAMPAIGNE
1655
227 x 202 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Saisie révolutionnaire en 1799 (Grande Chartreuse)
Localisation :
SA08 - Salle 08

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À partir de 1655, Philippe de Champaigne travaille à de nombreuses commandes pour l’ordre contemplatif des Chartreux à Paris, Villeneuve-lès-Avignon ou Bordeaux. Les tableaux réalisés pour cette congrégation baignent dans une atmosphère dépouillée où la dévotion s’exprime avec retenue et intériorité. Les éléments symboliques s’effacent devant la précision archéologique et un sentiment de profonde solitude et d’humilité habite les figures. C’est sans doute dans ce Christ mort sur la Croix, réalisé en 1655 pour la Grande Chartreuse, maison-mère de l’ordre, située non loin de Grenoble, que ce dépouillement et cette érudition s’expriment avec le plus d’intensité. Cette œuvre, peinte à la demande du prieur Jean Pégon, était destinée à orner le maître-autel de l’église. On y voit le Christ qui vient de rendre son dernier souffle de vie, conformément au texte de l’Évangile de Jean : « Il baissa la tête et remit son esprit. » Au loin, les murailles de Jérusalem sont plongées dans une lumière de crépuscule ou de nuit soudaine, comme le relate saint Luc : « Le soleil s’éclipsant, l’obscurité se fit sur le pays tout entier. » Au pied de la croix, un crâne vient rappeler que l’événement se déroule au Golgotha, ou « lieu du crâne », et que ce lieu était aussi celui où était enterré Adam. Par sa mort, le Christ vient donc racheter les péchés de l’Humanité depuis la Chute d’Adam. L’artiste concentre son attention sur le corps pâle du supplicié dont il n’omet aucune des blessures, les membres crucifiés et la plaie sanglante sur le côté droit. Mais cette souffrance n’a pas entamé la beauté et la grâce du Christ dont chaque muscle est dessiné et dont la peau recueille les reflets d’une lumière froide. Le visage digne et austère, le paysage désolé, le rendu presque photographique des matières et la gamme chromatique réduite aux bruns et aux gris font de cette œuvre une des plus synthétiques de l’artiste, à la fois rigoureuse dans sa construction et d’une spiritualité profonde. Elle a été saisie à la Révolution à la Grande Chartreuse en même temps que les deux tableaux de Laurent de la Hyre .

Un autre regard

  • A ciel ouvert

    Petit tour d’horizon (et de ciels) dans les collections du musée !

  • France / XVIIe siècle

    Au moment où l'Europe entre en pleine période de Contre Réforme, les tableaux religieux deviennent des supports de dévotion, mais aussi de persuasion.

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