Nu assis

Henri MATISSE
1909
33,5 x 41 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs Agutte-Sembat en 1923
Localisation :
SA27 - Salle 27

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[Cartels de l’exposition Hommage à Andry-Farcy. Un conservateur d'avant-garde 1919-1949, musée de Grenoble, 26 juin - 24 novembre 2019]

Le Nu assis de 1909, d’une étrange audace de composition et de traitement, suscite l’admiration de Sembat lorsqu’il le découvre dans l’atelier de Matisse : « Nous étions tombés sur une petite toile étrange, une chose empoignante, inouïe, neuve à effarer : elle effarait son auteur même. »
Ce personnage féminin, d’un rose franc, aux traits grossiers, semble comme découpé dans la couleur par le cerne bleu-vert qui dessine ses contours. Le nu, impersonnel et synthétique, est assis dans un paysage rapidement brossé par grandes plages de bleu, de rose et de vert. Cette bidimensionnalité de la surface, ce jeu de formes colorées imbriquées, ce traitement décoratif de la toile portent en germe les recherches futures de l’artiste qui aboutiront aux grandes compositions synthétiques des années 1909-1911. Marcel Sembat disait de cette toile qu’elle était « un oeuf », lui reconnaissant ce caractère pionnier et fécond ouvrant la voie vers de nouveaux sentiers créatifs.


**"Le legs Agutte-Sembat" **

« Visite rapide, enthousiasme difficile à contenir devant de telles œuvres, même dans cette maison fermée après décès. C’est qu’il y avait là des œuvres inouïes, de nombreux Matisse, des Rouault, Marquet, Van Dongen, Signac, Vuillard, Vlaminck, Derain, devant lesquels il était impossible de garder une impersonnelle réserve de platonique savoir-vivre. ».
Tels sont les mots écrits par Andry-Farcy pour décrire la collection qu’il découvre dans la maison des Agutte-Sembat après le décès tragique du couple en 1922.
Marcel Sembat, député socialiste de Paris, et son épouse, l’artiste Georgette Agutte, constituent au cours des deux premières décennies du XXe siècle l’une des plus significatives collections d’œuvres d’art néo-impressionniste et liées au fauvisme. Grâce à la volonté d’Andry-Farcy et au soutien de Paul Mistral, maire de Grenoble, un legs est acté en faveur du musée. Comportant 66 peintures, 74 œuvres d’art graphique, 22 céramiques, 12 sculptures et 3 tapisseries, ce legs constitue le premier grand « coup » d’Andry-Farcy conservateur. Lors de l’inauguration de deux salles dédiées au legs en 1924, le journal La République de l’Isère qualifie les œuvres de « produits de l’inconscience moderne ». Le reste de la presse régionale et nationale salue l’initiative, qui assoit le Musée des beaux-arts de Grenoble comme premier musée d’art moderne en France.
En 1995, le legs Agutte-Sembat est enrichi par celui de Pierre Collart, neveu et héritier du couple, qui rend ainsi la collection originelle quasi complète.

"Henri Matisse au Musée de Grenoble"

Le Musée des beaux-arts de Grenoble a longtemps été le seul musée en France où l’on pouvait voir un ensemble aussi complet de la production de Matisse. Ce fonds exceptionnel se constitue très tôt grâce à la clairvoyance d’Andry-Farcy. On doit en effet à Matisse, dès sa rencontre en 1920 avec Andry-Farcy par l’intermédiaire de Jules Flandrin et Jacqueline Marval, le don de Allée d’arbres dans le bois de Clamart de 1917. En 1922, Intérieur aux aubergines, chef-d’œuvre de la série des « intérieurs symphoniques », est donné par l’artiste et sa famille. Mais c’est avec le legs Agutte-Sembat en 1923 que cet ensemble prend toute son ampleur. La collection réunie par Marcel Sembat, auteur de la première monographie sur Matisse en 1920, et par son épouse Georgette Agutte, qui fut la condisciple du peintre dans l’atelier de Gustave Moreau, compte 5 tableaux et 6 œuvres graphiques.
Les peintures de Matisse présentes au musée permettent ainsi d’illustrer les différentes étapes de sa production entre 1904 et 1917, années d’intense créativité qui voient les débuts puis l’explosion du fauvisme, l’émergence des grandes compositions décoratives et l’élaboration des peintures marocaines. Les dons de dessins et de livres d’art par Matisse au sortir de la Seconde Guerre mondiale témoignent enfin du lien privilégié entretenu entre l’artiste et Andry-Farcy jusqu’à la fin de son mandat.

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