Le Christ debout tendant le bras droit

Simon VOUET
vers XVIIe siècle
38,5 x 24,5 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat à la vente Kaïeman à Bruxelles en 1858

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Le dessin est directement préparatoire pour la figure du Christ dans la Tentation de saint Antoine, peinte pour la chapelle de M. d’Aubray dans l’église de l’Oratoire, rue Saint-Honoré (Thuillier, in cat. exp. Vouet, 1990-1991, p. 306, n°49 repr.). Le tableau, conservé au musée de Grenoble depuis 1799 (MG 212 ), a été gravé par Michel Dorigny en 1640 et c’est la lettre de la gravure qui donne le nom du commanditaire de l’œuvre ; celle-ci dut être exécutée, comme ses dessins préparatoires, peu de temps auparavant, vers 1638-1640. Le commanditaire, Dreux d’Aubray, avait séjourné à Rome de 1623 à 1626, cherchant des manuscrits pour Dupuy, de Thou, Peiresc et était revenu à Paris à la même date que Vouet. Maître des requêtes, intendant de Provence en 1635, commissaire des guerres en Picardie en 1641, il achètera la charge de lieutenant civil au Châtelet de Paris en 1643 ; il est le père malheureux de la Brinvilliers. Il a été portraituré par Claude Mellan (IFF XVIIe Claude Mellan, n°139 repr.).
La toile est tout à fait représentative de ces éloquents tableaux d’autel peints par Simon Vouet au faîte de sa gloire et de son art comme, par exemple, Le Repos de la Sainte Famille peint en 1639 pour la chapelle de M. d’Achères à l’église des Feuillants à Paris (musée de Grenoble, MG 213 ) ou La Présentation au temple peinte en 1641 pour l’église Saint-Louis-des-Jésuites (Paris, Musée du Louvre, Inv. 8492). L’artiste établit de grandes compositions colorées et lumineuses et peint de puissantes figures liées les unes aux autres par les gestes.
Les dessins, à la pierre noire rehaussée de blanc pour la plupart, jouent un rôle important dans le processus de création de Vouet car, souvent exécutés d’après le modèle, ils ancrent l’art de Vouet dans un réalisme certain et, lui permettent, d’autre part, de préparer avec soin chacune de ses figures. Les différences que montre l’étude dessinée avec la figure de Christ peinte sont révélatrices du goût de la précision du peintre. Celui-ci modifie en effet légèrement l’attitude du Christ : tout en conservant le bras tendu, le Christ, dans le tableau, s’incline davantage vers saint Antoine, accentuant le geste salvateur et plein de sollicitude du Christ envers le saint en proie aux tentations. Dans le dessin, l’artiste a concentré son travail sur la draperie du Christ, construite par de forts contrastes d’ombre et de lumière, il introduira dans la peinture quelques changements dans les plis et fera disparaître la ceinture du vêtement.
La Bayerische Staatsbibliothek de Munich conserve un dessin de Vouet pour la figure de saint Antoine, étude de détail poussée que respectera Vouet, modifiant seulement certains plis du drapé du saint ainsi que le profil de celui-ci (Harprath in cat. exp. Münich, 1991, p.102, n°30 repr.).
Simon Vouet avait abordé quelques années plus tôt, vers 1630-1631, le thème de saint Antoine lors du décor de la chapelle du château de Chilly, dédiée au saint patron du commanditaire, Antoine Coiffier, marquis d’Effiat et de Chilly : le tableau d’autel représentait La Vierge apparaissant à saint Antoine, composition gravée par Michel Lasne en 1637, et le plafond, une Apothéose du saint, gravée par François Perrier en 1632 (cat. exp. Vouet, 1990-1991, repr. p. 115). Si l’artiste est resté fidèle à la représentation sans concession d’un saint âgé vu torse nu, il a abandonné, pour la composition, la séparation trop marquée d’un registre inférieur, terrestre et d’un registre supérieur, céleste, pour adopter un agencement plus dynamique et plus unificateur.
Le dessin porté au verso (MG 472 (VO) )se place plus tard dans le XVIIe siècle et évoque quelque peu l’univers de Jean Berain qui a été, avec son atelier, un grand créateur pour les spectacles et les fêtes organisées pour la Cour dans le cadre des Menu Plaisirs.

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