Sicile

Nicolas de STAËL
1954
114 x 146 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat à Françoise de Staël avec la participation du FRAM en 1982
Localisation :
SA37 - Salle 37

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La trajectoire fulgurante de Nicolas de Staël (1939-1955) lui a parfois valu d’être comparée à la destinée de Van Gogh. Des sombres et hautes pâtes de ses débuts aux ateliers évanescents de la dernière période d’Antibes, De Staël a identifié l’aventure de la peinture à sa vie même, assimilant celle-ci à un approfondissement incessant des moyens picturaux. Originaire de Russie, formé à Bruxelles, De Staël fait son apparition sur la scène parisienne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale alors que culmine le débat opposant l’abstraction à la figuration. Soutenu par Alberto Magnelli et par Sonia Delaunay, qui le qualifie, au début des années 40, de « peintre inobjectif », il réalise des toiles abstraites aux harmonies sombres que l’on a comparées à celles de son compatriote André Lanskoy. Mais ne pouvant se satisfaire de l’abstraction, l’artiste revendique une vision intuitive, une expression libre qui trouve ses sources dans la peinture classique, celle des peintres nordiques qu’il admire au musée du Louvre, mais aussi celle de Cézanne et de Braque. « Il s’agit toujours et avant tout de faire de la bonne peinture traditionnelle » (Lettre à Jacques Dubourg, 1952). Qu’il s’agisse de la célèbre série des Toits ou des paysages du Lavandou, De Staël explore les propriétés constructives et le rôle spatial de la couleur. L’année 1952 marque un tournant dans sa création, un retour au motif et à la couleur (réalisation des Footballeurs, découverte du Lavandou et de la violence de la lumière méditerranéenne, visite de l’exposition Le fauvisme au Musée national d’art moderne, à Paris).
Au cours de l’été 1953, Nicolas de Staël prend la route de l’Italie avec sa famille. Agrigente est le point culminant du voyage où naît une série de tableaux, dont Sicile, marquée par le triomphe de la construction de l’espace par la couleur. Dans ce paysage synthétique, les couleurs posées en aplat sont éclatantes, la plaine est comme brûlée par le soleil aveuglant de Sicile. De grandes plages jaunes et orangées convergent vers un point de fuite unique. De Staël détourne là un procédé ancien, celui de la perspective monofocale, également adopté dans les paysages de La Route d’Uzès, réalisés la même année. Le ciel vert marqué par les éraflures au couteau s’oppose au jaune citron et au bleu profond de la mer. Le choc de la découverte de L’Atelier rouge (1911) de Matisse à New York comme des collages réalisés l’année précédente expliquent « l’extrême simplification des signes » (Pierre Gaudibert) de cette toile où la peinture, étendue en minces couches raffinées, contraste avec celle des œuvres antérieures, plus matiéristes. Un an plus tard, De Staël se donnera la mort, laissant inachevé Le Concert (musée Picasso, Antibes).

Un autre regard

  • A ciel ouvert

    Petit tour d’horizon (et de ciels) dans les collections du musée !

  • Invitation au voyage

    Le monde est une invitation, un appel au voyage ! Depuis le XVIIe siècle, les artistes en quête d’inspiration partent découvrir d’autres pays, d’autres cultures.

  • La figuration jusqu’aux années 50

    L’art moderne, à l’image de son siècle, porte la marque de transformations profondes et de changements d’intentions décisifs de la part des artistes.

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