Sans titre

Jannis KOUNELLIS
1985
largeur: 320 cm
profondeur: 60 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie Durand-Dessert en 1989

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Grec d’origine, Jannis Kounellis arrive à l’âge de 20 ans à Rome afin de suivre les cours de l’académie des beaux-arts. D’emblée, il inscrit son parcours artistique dans le contexte de l’Italie du milieu des années 60, devenant l’une des principales figures de l’Arte povera. Ce mouvement affirme une rupture ouverte avec les formes traditionnelles de l’art. Les performances et installations de Kounellis, mêlant éléments organiques (charbon, graines, laine) et matériaux industriels (poutres métalliques, flammes de gaz) auxquels il joint parfois des animaux vivants (chevaux, perroquets), entretiennent un dialogue permanent avec les espaces architecturaux et véhiculent une dimension esthétique aussi bien que poétique.
L’œuvre du musée, datée de 1985, met en scène un empilement de sacs de toile de jute, dont les inscriptions – Costa-Rica, Bolivie, Cameroun – évoquent le transport par bateau des denrées exotiques et invitent au voyage dans l’espace aussi bien que dans le temps. En effet, ces sacs servaient de contenant aux différentes graines (lentilles, riz, café, pois, maïs, haricots) qui traversaient les mers depuis la plus haute antiquité, participant ainsi à l’échange des cultures entre les peuples. Ces sacs superposés sont adossés au mur qui est lui-même recouvert jusqu’au plafond de peinture noire. Cette surface abstraite et lisse, de même largeur que le tas de sacs, contraste avec la texture rugueuse et grossière de la toile de jute. Le noir, couleur du charbon, de la suie, du goudron, récurrent dans l’œuvre de l’artiste, fait référence à la révolution industrielle. Il apparaît ici comme un monochrome parfait, sorte d’hommage implicite au fameux Carré noir sur fond blanc de Malévitch. En combinant les éléments naturels et manufacturés, les formes du passé et du présent, le travail de Kounellis renouvelle le dialogue entre « nature » et « culture », prégnance des archétypes et modernité.

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