Peinture, 222 x 628 cm, avril 1985
Transfert de propriété au Musée de Grenoble en 2008.
Né à Rodez en 1919, Pierre Soulages est très tôt attiré par l’art roman, les dolmens et les menhirs gravés de sa région. À 18 ans, il se rend à Paris pour préparer le professorat de dessin. Il y renonce rapidement en raison de la médiocrité de l’enseignement et rentre chez lui. De retour dans la capitale en 1946, il se consacre alors définitivement à la peinture. À la fin des années 40, sa production s’organise selon deux modes distincts, avec d’une part les brous de noix sur papier, des structures graphiques sombres se détachant sur un fond blanc laissé à découvert, et d’autre part des huiles sur toile caractérisées par le surgissement de la lumière et de la couleur à travers des bandes noires qui structurent l’espace (Peinture 145 x 97 cm _, 1949, collection du musée). À partir de 1979, Soulages invente une troisième voie consistant à produire une surface opaque homogène et à opérer, aux moyens de reliefs ou sillons tracés dans la matière, sa mutation en lumière, le « noir-lumière » ou « Outrenoir ». Le noir envahit alors toute la toile dans des peintures constituées d’un noir unique, lisse ou strié, et d’autres dans lesquelles le noir côtoie un bleu, un ocre ou un rouge, le plus souvent en petites quantités. _Peinture, 222 x 628 cm, avril 1985 appartient à la première série dont les titres comportent les dimensions ainsi que la date d’exécution. Soulages a étalé le noir d’ivoire en pâte épaisse à l’aide de brosses qu’il a fabriquées lui-même, en larges gestes verticaux, horizontaux ou obliques. Il en résulte des bandes striées qui se superposent parfois et sur lesquelles joue la lumière, provoquant une infinité de variations selon la nature de l’éclairage et le déplacement du spectateur. Dans ce quadriptyque, la juxtaposition des panneaux est articulée par la continuité de certaines bandes qui, par leur recouvrement et leur orientation oblique, dynamisent la surface et rythment la composition. Le noir utilisé par l’artiste n’est plus une non-couleur, il fonctionne comme la somme de toutes les couleurs. Les variations chromatiques qui en résultent éloignent l’art de Soulages du principe de monochrome absolu.
Un autre regard
-
Peinture abstraite, deuxième moitié du XXe siècle
Après 1945, l’expression abstraite change radicalement d’aspects et d’intentions.
Découvrez également...
-
Jackie
1964 -
Sans titre
1985 -